franceinfo conso. La 5G, c'est parti !
La 5G, la cinquième génération de réseau mobile, incarne pour certains le futur, alors que pour d'autres, cette nouvelle technologie fait peur. C'est le débat du moment alors que les autorités ont lancé la procédure pour attribuer les premières fréquences aux quatre opérateurs en lice.
Pour ou contre la 5G, les pro et les anti 5G aiguisent leurs arguments. Le magazine 60 Millions de consommateurs y consacre une grande enquête ce mois-ci. Des précisions sur les aspects positifs et négatifs de cette nouvelle technologie, avec Benjamin Douriez, rédacteur en chef du mensuel.
franceinfo : Déjà pour que tout le monde comprenne bien, la 5G c’est quoi ? Ça permet quoi ? Quels sont ses atouts technologiques ?
Benjamin Douriez : La 5G, c’est d’abord des débits plus élevés. Donc ça veut dire des connexions plus rapides. En gros, on nous promet des performances similaires à celle que permet la fibre optique, sauf que là, ce sera accessible en mobilité, depuis nos smartphones, notamment. Outre le débit, on attend aussi des progrès sur ce qu’on appelle la latence, c’est en quelque sorte la réactivité du réseau, son délai de réponse quand on envoie un ordre. Réduit à 1 ou 2 millisecondes, ce qui peut être capital pour certains usages.
Donc ça veut dire de meilleures performances que la 4G ?
Pour le début, la 5G devrait offrir des débits trois à quatre fois plus rapides que les débits actuels constatés en 4G – ça, c’est au démarrage de la 5G, ce sera bien davantage après. Effectivement, pour les consommateurs, cela facilite la consultation de vidéo en ultra-haute définition par exemple. C’est aussi de nature à faciliter l’accès à des jeux en ligne hors de chez soi – jeux qui ont besoin de débits élevés et de latence faible, qui deviendront accessibles depuis les mobiles.
Et tout ça, c’est très important pour certains milieux professionnels ?
C’est même sans doute encore plus important que pour les abonnés à la téléphonie mobile – pour vous et moi, la 5G ne sera pas forcément révolutionnaire. En revanche, pour certains secteurs professionnels, si . En chirurgie, cela peut permettre des opérations à distance à l’aide de robots. Cela peut aussi permettre aux voitures autonomes de prendre une autre ampleur, parce qu’elles pourront communiquer avec des capteurs ou avec les autres véhicules sur les routes.
Reste qu’il y a encore beaucoup de questions sans réponse, déjà sur l’impact environnemental : écolo ou pas la 5G ?
Sur le papier, oui. Dans la réalité, sans doute pas. Je m’explique. Les équipementiers expliquent que la 5G est, en quelque sorte, un réseau plus intelligent donc plus sobre, avec des antennes qui n’émettent que vers les appareils en communication, et non pas dans toutes les directions. Donc oui, plus efficace sur le pan énergétique. Le problème, c’est que cela va augmenter nos usages, nos besoins, ce qui va annihiler, et même totalement surpasser les gains en sobriété énergétique. Et c’est sans compter le renouvellement du matériel.
Vous dites qu’il faut renouveler le matériel, ça veut dire que tous les smartphones ne seront pas compatibles avec la 5G ?
Aujourd’hui, les modèles compatibles 5G sont encore assez peu nombreux sur le marché - surtout des modèles haut de gamme. Donc oui, si on veut profiter de la 5G, il faudra acheter un nouveau smartphone qui est compatible. Mais il faut rassurer les auditeurs, malgré tout. Il n’y aura aucune obligation. Si vous n’avez aucun attrait pour la 5G, vous pouvez conserver votre téléphone actuel 3G/4G – ces réseaux vont naturellement continuer à fonctionner pendant très longtemps.
Mais ça veut dire que ça risque d’accentuer la fracture numérique ? Est-ce que l’autorité de régulation des télécoms va imposer des contraintes aux opérateurs ?
Oui, les opérateurs ne feront pas ce qu’ils veulent. Il y a des objectifs de couverture en 5G fixés par le régulateur – avec des obligations pour couvrir certaines zones rurales sans trop tarder. Et surtout, à l’occasion des enchères pour la 5G, le régulateur oblige les opérateurs à étendre les débits les plus rapides de la 4G à au moins trois quarts de leur réseau d’ici deux ans.
On entend aussi beaucoup de choses au niveau de la santé. Est-ce qu’on a vraiment les moyens de quantifier aujourd’hui l’exposition aux ondes avec la 5G ?
Les autorités cherchent à rassurer, en insistant sur le fait que les limites d’émission sont les mêmes pour la 5G que pour la 4G – ce qui est vrai. Mais la 5G va aussi utiliser des nouvelles bandes de fréquences, sur lesquelles les connaissances scientifiques sont peu développées. On attend un nouvel avis de l’agence sanitaire, l’Anses d’ici l’été prochain. Mais la 5G aura sans doute été lancée avant !
Au niveau calendrier, sait-on quand la 5G sera disponible ? Et à quel prix ?
Oui, sauf surprise, elle devrait être disponible avant la fin de l’année, mais dans des zones très limitées – on ne connaît pas encore les villes concernées. On ne connaît pas non plus les tarifs. Mais notre crainte à nous, 60 Millions de consommateurs, c’est que les opérateurs cherchent à nous pousser vers des forfaits haut de gamme, très onéreux à 40,50 euros par mois, voire davantage, si l’on veut bénéficier de la 5G. Il faudra être attentif, bien faire jouer la concurrence si l’on veut éviter une envolée de la facture.
Réseau Mobile … Attention c’est parti pour la 5G. Une enquête à retrouver dans le numéro d’octobre du magazine 60 Millions de consommateurs.
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