franceinfoconso. Les aliments bio sont-ils toujours meilleurs pour la santé ?
Absence de pesticides chimiques, limitation des addictifs, les bienfaits du bio sont connus. Encore faut-il bien choisir ses produits.
Quelles sont les qualités réelles des produits issus de l’agriculture biologique ? On en parle avec Sylvie Metzelard, rédactrice en chef du magazine 60 millions de consommateurs qui consacre son hors-série du mois de juin à l’univers du bio.
franceinfo : Avant d’entrer dans le détail, bio, ça veut dire quoi ? Quelles sont les principes de base ?
Sylvie Metzelard : Cela veut dire que l’on suit un certain nombre de règles de production et d’étiquetage qui ont été établies au niveau européen. Concrètement, pour la production des végétaux, c’est par exemple, l’interdiction d’utiliser des pesticides de synthèse et des OGM. Pour les produits transformés, les denrées doivent être produites à partir d’ingrédients agricoles biologiques (à 5% près) et il faut savoir que 54 additifs sont autorisés en bio contre 300 pour les produits conventionnels.
Quelles sont les substances strictement interdites par exemple ?
Les herbicides, par exemple, que l’on utlise beaucoup en agriculture conventionnelle.
Et tous les pays de l’Union européenne sont-ils soumis aux mêmes règles ?
Oui depuis 2009 tout le monde a la même feuille de route globale mais chaque pays peut présenter des spécificités. En France, par exemple, depuis 2019, il est interdit de vendre comme bio des productions issues de serres chauffées entre le 21 décembre et le 30 avril. Il faut savoir que le règlement européen n’est pas très directif en ce qui concerne l’empreinte carbone des produits.
Mais pour la viande, les œufs et les produits laitiers quand le règlement dit qu’il faut pratiquer un élevage lié au sol et adapté au site, c’est un peu flou comme critère ?
Oui, dit comme cela, un peu mais cela correspond aussi à des choses très concrètes. Dans les élevages, il y a des densités maximales précises d’animaux au mètre carré à respecter (généralement le double de surface qu’en conventionnel) et les poules bio par exemple doivent avoir accès à un espace extérieur. La nourriture des animaux doit provenir de la même exploitation ou d’exploitation de la même région à raison de 60% pour les ruminants, 20% pour les volailles et les porcs.
Mais est ce qu’il y a des labels à privilégier pour s’y retrouver ?
Oui, on peut se fier aux logos Eurofeuille (dix étoiles en forme de feuille), c’est le label européen, et au logo AB, pour Agriculture biologique, purement français. Il y a beaucoup d’autres labels que l’on peut suivre selon que l’on se soucie plutôt de l’environnement, du mode de fabrication, du lieu de production ou du juste revenu des producteurs. On peut retenir par exemple la mention Bio cohérence qui exige des exploitations qu’elles soient complétement bio.
Vous avez passé à la loupe une centaine de références. Comment avez-vous procédé et surtout est ce que le bio est toujours convaincant ?
Nous avons fait des matchs où l’on a mis face à face des produits bio et leurs homologues conventionnels de même marque quand il était disponible. Et l’on a décortiqué l’intégralité des compositions et mis dans la balance leur équilibre nutritionnel et leur quantité d’additifs. Nous avons aussi mis des familles entières de produits face à face : confitures, chocolat, raviolis, pizza, emmenthal, carottes râpées et procédé au même exercice. Et là, nous avons pointé tous les critères que les consommateurs doivent surveiller quand ils sont en supermarché : le sel, le sucre, les acides gras saturés, l’origine des produits. A l’arrivée, les résultats sont très contrastés : côté matchs, le bio remporte la moitié des produits salés et 6 matchs sur 7 des produits sucrés parce que moins d’additifs, moins de sucre et de meilleures origines. Côté familles de produits on a été surpris de trouver moins de farine complète dans certains pains de mie bio mais contents de trouver d’avantage de fruits dans les confitures bio.
Très souvent, les produits bio sont plus chers que les produits conventionnels. Est-ce toujours justifié ?
Sur les produits non transformés, plutôt oui, puisqu’ils exigent plus de travail et de contraintes .Sur les produits transformés, ça dépend vraiment de la qualité, de la quantité et de la provenance des ingrédients qui entrent en jeu.
Quid de la grande distribution ? 55% du bio est vendu en supermarché. Ce sont des produits au rabais ?
Ces produits de grande distribution répondent aux mêmes cahiers des charges que ceux des boutiques spécialisées. Vous ne risquez pas de trouver plus de pesticides par exemple et l’on respectera tout autant la cause animale. Ce sont de vrais produits bio. En revanche, sur l’origine des produits, la juste rétribution des agriculteurs, la qualité nutritionnelle des produits transformés, il y a moins de garanties.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.