Cet article date de plus d'un an.

Huiles d'olive appellation "vierge extra": la moitié d'un panel de 24 échantillons, déclassée en "vierge" par "60 Millions de consommateurs"

Les Français raffolent de l'huile d'olive : ils en consomment près de 110 000 tonnes chaque année, soit l'équivalent de deux litres par foyer. Mais les produits vendus ne correspondent pas suffisamment aux attentes des consommateurs.
Article rédigé par Augustin Arrivé, Catherine Pottier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les huiles d'olive sur le banc des tests pour "60 Millions de consommateurs". La moitié des appellations "vierge extra" déclassée dans leur panel. (Illustration) (BSIP / UNIVERSAL IMAGES GROUP EDITORIAL / GETTY IMAGES)

C'est vrai qu'elle a de multiples atouts, l'huile d'olive, notamment pour la santé ! Sa richesse en oméga-3 permettrait de réduire de manière significative les risques de maladie coronarienne. Reste à savoir si ses vertus sont bien réelles, et si les étiquettes sont toujours bien fidèles aux qualités du produit.

Dans son numéro de juin, (en ligne et en kiosque) le magazine 60 Millions de consommateurs consacre une large enquête sur l'huile d'olive. Vingt-quatre produits ont été testés et une partie des références ne mérite pas la mention "vierge extra". Les précisions de Patricia Chairopoulos, journaliste consommation alimentation au magazine. 

franceinfo : C'est quoi une huile d'olive "vierge extra " ? Quels sont les critères ?

En fait, il y a plusieurs critères qui sont très stricts. Donc déjà, c'est une huile issue d'une première pression à froid, et elle ne doit présenter vraiment aucun défaut physico-chimique, comme une oxydation. Et ces critères sont vérifiés par des jury experts. C'est ce que nous avons fait d'ailleurs.

Et quels sont les résultats de votre enquête ? Vous aviez déjà fait un test similaire en 2020, est-ce que la qualité des huiles d'olive de votre panel s'est dégradée ?

Sur le plan de l’appellation vierge extra, soit le "top" de l’huile d’olive, c’est une grande déception ; la moitié de notre panel de 24 échantillons, est déclassée en "vierge" seulement. Notre jury expert a en effet décelé divers défauts, par exemple le défaut moisi/humidité a été trouvé dans 6 références, aussi bien bio que conventionnel, et quel que soit leur prix. Peut-être à cause d’un lavage insuffisant des olives, d’un stockage dans de mauvaises conditions…

Il y a une chose que vous mettez en avant, c'est la présence de plastifiants dans plusieurs références. Qu'est-ce que vous entendez par plastifiant ?

Ce sont les phtalates, des molécules chimiques ajoutées volontairement par les fabricants de plastique, pour les assouplir. Normalement, il est interdit d’utiliser des matériaux contenant des phtalates sur la chaîne de production et de stockage des corps gras, comme l’huile. Difficile de connaître l’origine de cette contamination, peut-être des cuves, des tuyaux, des bâches… Or certains phtalates, le DEHP et le DBP, sont reconnus perturbateurs endocriniens et ont été décelés tous les deux dans 4 huiles. Certes, à des teneurs très faibles, mais tout de même pénalisés.

Vous avez aussi découvert des traces d'hydrocarbures d'huiles minérales ? De quoi s'agit-il ?

Ce sont des dérivés chimiques liés à l’activité humaine, ils sont un peu partout dans l’environnement, et on les retrouve aussi dans des colles, des encres d’impression, des lubrifiants de machines, des produits de nettoyage ou encore dans certains pesticides.

Le problème de ces substances, c’est qu’elles migrent facilement et contaminent notamment notre alimentation. Leur présence dans les huiles d’olive peut provenir de la récolte, des moteurs des machines agricoles, etc.  Nous en avons retrouvé dans 5 huiles, avec pour certaines, à des teneurs à la limite du seuil acceptable dans les corps gras.

Du coup, est-ce qu'il faut à tout prix privilégier les huiles d'olive bio ? Est-ce une réelle garantie de qualité ?

Non, sur ces critères, il n’y pas plus de garantie avec les huiles d’olive bio ou pas bio.

Et le prix ? Est-ce un gage de qualité ? On peut citer l'huile "primadonna" de LIDL quand même à 6,99 euros le litre ?

Non également, même si les deux huiles les plus chères de notre essai sont parmi les premières du classement. Mais l’huile en tête du classement coûte moins de 7 euros/litre !

Ce qu'on remarque au fond en lisant votre enquête, c'est qu'il est difficile de trouver une huile de qualité "vierge extra", de bout en bout. La filière a encore des efforts à faire ? 

Oui, les Français sont adeptes d’huile d’olive vierge extra, ils y mettent le prix, et en retour, le produit doit évidemment correspondre à leur attente, et à ce qui est indiqué sur l’étiquette. Or nous constatons que ce n’est pas le cas et demandons à la filière, de la production à la distribution, de faire de sérieux efforts.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.