Riz long grain, de Camargue, thaï ou basmati : les plus contaminés et les mieux notés
Le riz est la céréale la plus consommée au monde jusqu'à 130 kg par an, et par habitant, en Chine. Alors en France, les chiffres sont plus modestes, mais le riz est un basique des placards et nous en consommons environ 6 kg par an et par personne. Patricia Chairopoulos, rédactrice en chef à 60 Millions de consommateurs, a testé 40 références, vendues en grandes surfaces et en magasins spécialisés. Le riz est à la une du magazine de février, déjà en kiosque.
franceinfo : Déjà, d'où vient le riz que nous consommons ?
Patricia Chairopoulos : En France, notre principal fournisseur de riz est l'Italie. C'est un quart de nos importations, ça peut paraître étonnant parce qu'on pense plutôt à l'Inde. Pour le reste, le riz vient surtout du Cambodge, Thaïlande, Pakistan et Inde.
Et quelle est la variété la plus consommée en France ? Parce qu'il y a des milliers dans le monde ?
Oui, c'est vrai que le riz recouvre des milliers de variétés qui sont issues en fait de deux grandes espèces de riz, l'Indica et le Japonica. Et donc en France, le riz que l'on préfère, c'est le basmati, qui est un riz Indica et c'est vraiment le favori des Français. En sachant que même le riz basmati recouvre un certain nombre de variétés, ça dépend si elles sont cultivées en Inde ou au Pakistan. Et nous apprécions aussi le riz local, c’est-à-dire celui de Camargue.
Et toutes ces variétés sont exposées aux pesticides ou aux fongicides ?
Et oui, parce qu'en fait on a affaire à une culture qui se fait en milieu humide. Que ce soit par irrigation ou, plus rarement, alimentée par les pluies. Or, l'humidité, on le sait, favorise le développement des champignons et d'autres ravageurs, auxquels la plante est sensible. D'où justement un usage quasi systématique de pesticides, que ce soit des insecticides ou des fongicides.
Et quel est le riz le plus contaminé, et est-ce que les molécules que vous avez trouvées sont dangereuses pour la santé ?
Alors, nous avons donc mené des analyses sur 40 références du riz. Il y avait du thaï, du basmati, du Longhorn et du Camargue. Et ces résultats ont montré que plus d'un tiers de notre panel, dont 15 références contiennent des résidus de pesticides. Et parmi celles-ci, ce sont surtout des références de riz basmati non bio. Certaines contenaient deux, voire trois résidus de pesticides.
Guère étonnant, car les principaux pays producteurs, l’Inde et le Pakistan, ont développé une riziculture plus intensive et utilisatrice de pesticides, pour être le plus rémunératrice possible. Un riz long grain de notre étude a été aussi épinglé sur ce critère, avec quatre molécules de pesticides retrouvées.
Certes, toutes les molécules ont été retrouvées dans des teneurs en deçà de la limite maximale autorisée. Et la plupart ne sont pas nocives, sauf deux d’entre elles, considérées à risque pour la santé humaine : le tébuconazole, un fongicide, et la cyperméthrine, un puissant insecticide.
Mais on sait que certains pesticides sont interdits en France mais acceptés dans d'autres pays. Est-ce que ça concerne beaucoup de références, et lesquelles ?
Oui, dans notre étude, il s’agit de l’isoprothiolane identifié dans trois riz basmati : ce pesticide est interdit d’usage dans l’Union européenne, mais les résidus sont autorisés dans les produits alimentaires importés. Même chose pour le quinclorac, un puissant insecticide retrouvé dans un riz long grain.
Ça veut dire que le bio est toujours une garantie ?
Dans le cas du riz, oui. En tout cas, nos analyses ont montré que toutes les références bio sont indemnes de pesticides. Donc là, c'est vrai qu'on peut acheter bio a priori sans inquiétude.
Alors à l'inverse, est-ce qu'il y a des références moins exposées que d'autres ?
C'est notamment le cas du riz de Camargue. Il a l'avantage de ne contenir aucun pesticide, en tout cas dans nos analyses, ils sont très propres. L'une des raisons, justement, c'est qu'en France, très peu de substances phytosanitaires sont autorisées pour cette culture.
Et justement avec l'attrait des produits locaux, les ventes de riz de Camargue ont augmenté ?
Exactement. C'est vrai que c'est un produit local, et qui plus est, de bonne qualité. Donc ces ventes ont augmenté, tout en restant une consommation de niche, parce que ce sont de faibles volumes. On est actuellement à 70 .00 tonnes par an, ce qui n'est pas énorme. Et la production ne peut pas augmenter faute d’hectares disponibles pour sa culture. Notons qu’il bénéficie d’une "Indication géographique protégée" depuis 2000.
Est-ce que le prix du riz a augmenté à l'instar de nombreux aliments de base ?
Globalement, oui. Mais ce n'est pas l'augmentation importante qu'on a pu voir effectivement sur d'autres aliments. Et encore, cela dépend de la variété. Par exemple, le riz basmati, justement le favori des Français, a même plutôt un petit peu baissé. Si l'on choisit le riz de Camargue, c'est un produit un peu plus cher.
Ce qui marque dans votre enquête, c'est qu'il y a trois ans, vous aviez déjà réalisé un test semblable sur une quarantaine de références, et on voit que rien n'a changé. C'est quand même inquiétant ?
Oui, c'est inquiétant pour les consommateurs, parce que le riz est un aliment de base, et c'est vrai que dans les pays producteurs, il ne doit pas y avoir effectivement une pression particulière sur une restriction d'insecticides et autres fongicides. Peut-être le mieux pour se protéger, c'est de prendre du bio ou du riz de Camargue puisque d'après nos analyses, ce sont vraiment ceux qui sortent du lot.
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