Cet article date de plus de sept ans.

Le débrief politique. L'alliance Bayrou/Macron fait trembler les autres candidats

L'alliance officiellement scellée entre François Bayrou et Emmanuel Macron agace la gauche, embarrasse la droite et laisse indifférents les "petits" candidats, qui se sentent oubliés. Tout ce qu'il ne fallait pas rater de l'actualité politique du jeudi 23 février, avec Yaël Goosz.

Article rédigé par franceinfo, Yaël Goosz
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
François Bayrou et Emmanuel Macron, le 23 février 2017, au Palais de Tokyo à Paris. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Emmanuel Macron et François Bayrou scellent leur alliance 

Ils se sont rencontrés devant le Palais de Tokyo, à Paris, jeudi 23 février. Le tête à tête a duré plus d'une heure. Ils sont apparus tout sourire pour faire photographier l'image de cette alliance. Emmanuel Macron a remercié plusieurs fois François Bayrou : "Je partage tout de ce qu'il a dit sur le contexte politique actuel, a-t-il déclaré. Il faut dépasser les clivages."

Le maire de Pau est quant à lui revenu sur ses déclarations passées, parfois très dures sur Emmanuel Macron. "Nous avons eu nos différences, nos divergences, des mots de rugby, a souri François Bayrou. Mais des mots aujourd'hui oubliés."

Concernant les supposées négociations pour des tickets pour les élections législatives, officiellement, "nous allons faire les choses dans l'ordre, nous bâtirons cette entente en temps et en heure", a expliqué François Bayrou. Emmanuel Macron a tout de même ajouté qu'"aucune famille politique ne peut prétendre être hégémonique, et les législatives refléteront le pluralisme que nous portons aujourd'hui ensemble."

Benoît Hamon minimise cette nouvelle alliance

Évidemment ce rapprochement change la donne à gauche. Ils n'étaient d'ailleurs pas nombreux au Parti socialiste à pronostiquer ce scénario. Du coup, le candidat, Benoît Hamon, préfère minimiser, et renvoyer Emmanuel Macron et François Bayrou sur la droite.

Pour moi, cela clarifie les choses : il y a désormais un candidat de la droite classique, et un candidat du centre-droit, qui est Emmanuel Macron.

Benoît Hamon, le candidat du Parti socialiste

à franceinfo

Benoît Hamon demande aussi à Emmanuel Macron de publier la liste de ses généreux donateurs.

Une alliance qui embarasse aussi la droite

La nouvelle donne Bayrou / Macron a aussi des conséquences pour la droite. Elle s'est coordonnée en un concert d'attaques sur la "girouette Bayrou",
"le passager clandestin du socialisme", comme l'a dit le sénateur de l'Aube, François Baroin.

Cela masque en réalité une certaine fébrilité, car cette alliance entre François Bayrou et Emmanuel Macron est le risque d'une dynamique qui enfermerait François Fillon sur sa droite, et donc le risque de perdre les électeurs d'Alain Juppé à la primaire.

Il y a aussi des tentations centrifuges à l'UDI, où l'on s'inquiète de ce que pourrait faire par exemple un Jean-Louis Borloo, autre grande caution morale du centre.
franceinfo a vérifié : Jean-Louis Borloo suit de loin tout ce qui se passe, il ne prend pas position pour l'instant.

La rébellion des "petits" candidats

C'est en ces termes que six d'entre eux ont décidé de pousser un grand "coup de gueule", lors d'une conférence de presse conjointe jeudi matin : Pierre Larrouturou (Nouvelle Donne), le chef de file du mouvement des Bonnets rouges, Christian Troadec, Philippe Poutou (NPA), Charlotte Marchandise (laprimaire.org) ont lancé un appel commun, signé également par Alexandre Jardin et l'indépendantiste polynésien Oscar Temaru, un appel "pour une véritable pluralité des candidatures" à l'élection présidentielle.

En effet, Pierre Larrouturou dénonce ce qu'il appelle le "verrou" des grands partis. À partir de samedi 25 février et jusqu'au 17 mars, 42 000 élus peuvent parrainer un candidat, en postant leurs formulaires au Conseil constitutionnel. Mais ce qui change, c'est que les parrainages sont publics. On sait donc qui soutient qui. Il y aura par ailleurs une publication en temps réel.

Les "petits candidats" plaident pour l'anonymat ou le parrainage citoyen...
Mais pour le dire haut et fort, encore faut-il être uni : Alexandre Jardin et Philippe Poutou se sont faits représenter et n'étaient même pas sur la photo de la conférence de presse.

Où sont les artistes ?

2017, où sont les stars ? Changement d'époque, les candidats ne courent plus après les figures du show-biz. C'est Emmanuel Macron qui joue le plus la carte people, puiqu'on l'a vu avec Geneviève de Fontenay et Line Renaud qui le soutiennent officiellement. Assis dans les meetings de Jean-Luc Mélenchon, il y a Francis Weber ou encore Romane et Richard Bohringer. Le chanteur Bernard Lavilliers a aussi dit qu'il voterait pour lui.

Mais politiques comme artistes voient de moins en moins d'intérêt à se rapprocher explique Jamil Dakhlia, sociologue des médias : "Pendant très longtemps, les politiques étaient convaincus que ça allait réhausser leur image, que ça allait leur donner une aura supplémentaire. Et maintenant on en revient, et du côté des artistes, il y a une sorte de méfiance (...) d'autant que c'est un risque pour eux et pour leur popularité." 

Ainsi, Benoît Hamon  joue la campagne modeste, avec dit-il du "people de la vraie vie". Seule l'actrice Valérie Donzelli a joué la chauffeuse de salle dans un de ses meetings.

Côté Républicains, pas la peine de s'entourer des artistes "tous des gauchos", pour le député Alain Marsaud. Dans l'organigramme de François Fillon, le parolier François Miquel est chargé de l’animation de la campagne.

Au Front national on fuit plutôt les peoples, mais Marine Le Pen n'a pas hésité à faire monter sur scène l'acteur Franck de Lapersonne, qui a même été investi pour les législatives dans la Somme.

La note du débrief

La note de rattrapage, et ce n'est pas le débrief qui la donne. C'est Ségolène Royal, qui l'adresse à François Bayrou, à qui il n'avait pas daigné ouvrir la porte en 2007 : "Quand j'entends dire que c'est la modernisation de la vie politique non. Cela fait dix ans que cette possibilité-là avait été ouverte et je regrette que ça n'ait pas eu lieu, et je pense que lui aussi l'a regretté, c'est pour cela qu'il se rattrape", a déclaré la ministre de l'Écologie.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.