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Le débrief politique. La classe politique unanime pour condamner l'agression de NKM

Législatives J-3 : le FN au pied du mur, les candidats La République en marche frileux pour débattre et la campagne qui dérape... Tout ce qu'il ne fallait pas rater dans l'actualité politique de jeudi 15 juin avec Yaël Goosz. 

Article rédigé par franceinfo, Yaël Goosz
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
La candidate LR, Nathalie Kosciusko-Morizet, agressée par un homme qui a pris la fuite, dans le 5e arrondissement de Paris, le 15 juin 2017. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Dérapage en campagne

"Sur le terrain tout se passe bien", disait hier encore l'ex-ministre Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate LR aux législatives pourtant mal partie face au candidat pro-Macron Gilles Legendre. Mais dans la matinée, tout s'est déréglé. C'est l'heure du marché, place Maubert, dans le 5e arrondissement de Paris. Distribution de tracts quand un homme d'une cinquantaine d'années déboule et lui jette ses documents de campagne au visage. "Bobo de merde", crie l'individu. NKM perd l'équilibre et connaissance pendant plusieurs minutes. L'agresseur prend la fuite. Aucun suspect interpellé. Le parquet a ouvert une enquête pour violences volontaires.

Et depuis ce matin une pluie de réactions dans la classe politique. Des tweets par dizaines, de Florian Philippot à Najat Vallaud-Belkacem, de Jean-Luc Mélenchon à Eric Ciotti... Tous condamnent les violences contre les élus et lui souhaitent un prompt rétablissement. Le Premier ministre, Édouard Philippe, s'est même rendu à son chevet à l'hôpital Cochin : "Je suis passé m'assurer qu'elle allait bien. Je l'ai trouvée secouée. Les hommes qui expriment cette violence physique à l'égard de femmes, qui sont à la fois plus petites et plus légères, ne m'inspirent que du mépris."

La campagne est suspendue dans la deuxième circonscription de Paris. Gilles Legendre, son adversaire d'En Marche, le confirme : "J'ai décidé de suspendre ma campagne électorale jusqu'au moment où on commencera à avoir des nouvelles plus précises sur son état. C'est choquant mais, en aucun cas, cet acte résume le climat de la campagne."

NKM restera en observation, cette nuit, à l'hôpital. Rassemblement de soutien, vendredi à 18h, à l'initiative d'une trentaine d'élus LR parisiens. "Un cas isolé", dit Gilles Legendre mais ce n'est pas la première fois qu'une femme ou un homme politique est agressée en France. De la farine contre Manuel Valls, une gifle en Bretagne aussi, Ségolène Royal entartée en juin 2006, Lionel Jospin arrosé au Ketchup en 2002. Plus grave, cette agression au couteau sur le député Bernard Reynes le 11 novembre 2013. Un acte commis par un déséquilibré.

FN, campagne schizophrène

La campagne continue malgré tout. Campagne un peu schizophrène au Front national. Encore un appel qui surprend : celui du candidat Michel Bulté, dans la seizième circonscription de Paris. Il appelle à voter pour La France insoumise. Un choix personnel mais qui en dit long sur le moral en berne des frontistes depuis la présidentielle. Près de 5 millions de voix perdues, au niveau national, entre le 23 avril et le 11 juin.

Ces doutes, exprimés à la base, vont revenir en boomerang lors du bureau politique prévu pour mardi à Nanterre. Florian Philippot sera-t-il le bouc-émissaire ? Y aura-t-il clarification sur l'euro ? Un début de crise entre deux lignes irréconciliables ? Marine Le Pen au milieu du champ de bataille avec sûrement sans aucun groupe à l'Assemblée... Tout ça avec un financement public en berne : 500 000 euros de moins par an.

La bataille contre le FN, c'est justement l'angle d'attaque d'Edouard Philippe dans cette fin de campagne. Le Premier ministre était sur les terres de Louis Aliot et de Gilbert Collard dans les Pyrénées-Orientales et dans le Gard. Il appelle à la mobilisation : "Allez voter ! Le vote n'est pas obligatoire, c'est donc une liberté, c'est aussi un devoir citoyen. C'est à la fois un droit et un devoir. Je suis évidemment extrêmement attaché à ce que les Français, les Françaises choisissent leurs représentants."

Débat ou pas débat ? 

On en parlait mercredi, La République en marche promet d'être très respectueuse de l'opposition à l'Assemblée. Pour l'instant, cela reste à prouver. Beaucoup d'adversaires disent se casser les dents sur des refus de débattre du côté des marcheurs. Qu'en est-il exactement ? Nous avons choisi un échantillon test, celui de notre réseau France Bleu. Sur ces 44 radios qui maillent le territoire, 40 ont organisé des débats. 17 ont essuyé au moins un refus des marcheurs. Au total, cela représente moins d'une trentaine de défections.

Les motifs invoqués sont multiples. Quelques candidats expliquent ouvertement que, vu leur avance, ils ne voient pas l'intérêt de l'exercice. Le plus souvent, ils justifient leur absence par un agenda surchargé ou des difficultés logistiques. Certains se retrouvent privés de débat d'entre deux tours : en Gironde Gilles Savary voulait un débat sur une télévision locale mais son adversaire a préféré privilégier le terrain. Le socialiste a décidé de saisir le CSA : "Les temps de parole devant être égaux, dès lors d'un candidat fuit le débat, il prive les autres candidats d'un temps d'antenne."

Pendant ce temps-là, le président, rentré du Maroc, a passé l'après-midi en terrain conquis : le salon Vivatech, temple des start-upers. Entre bains de foule et selfies, Emmanuel Macron a tombé la veste en terrain conquis.

La note du débrief : 6/20 pour Baroin

6/20, note de l'amnésie pour François Baroin. S'il y en a un, à droite, qui n'a jamais poussé François Fillon vers la sortie, c'est bien lui. Son apparition surprise sur la scène du Trocadéro le dimanche 5 mars, jour où tout aurait pu basculer, est bien gravée dans la mémoire des juppéistes. Mais, aujourd'hui, François Baroin raconte une autre histoire : "J'y suis allé parce que je croyais que Fillon allait abandonner". C'est ce qu'il a dit très sérieusement à Jean-Jacques Bourdin sur BFM-TV ce jeudi matin.

Mais, mais... Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ? Ça, c'était un sujet de philo au bac série L, pas cette année, mais en 2010. À méditer. L'après-législatives, l'avenir en tout cas, s'annonce très compliqué pour François Baroin qui n'aura été Premier ministre de personne, ni de Nicolas Sarkozy, ni d'Alain Juppé, ni d'Emmanuel Macron.

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