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Le débrief politique. Les regrets de Richard Ferrand

L'état d'urgence encore prolongé, Marine le Pen qui rêve de fracturer la droite et les regrets d'un ministre ... Tout ce qu'il ne fallait pas rater dans l'actualité politique du mercredi 24 mai avec Louise Bodet.

Article rédigé par franceinfo, Louise Bodet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Le secrétaire général du mouvement En marche !, Richard Ferrand, donne une conférence de presse le 8 mai 2017 à son QG de campagne, à Paris. (CHARLES PLATIAU / POOL)

Opération déminage pour Richard Ferrand

Richard Ferrand démine après les révélations du Canard Enchaîné : opération immobilière lucrative, soupçons de favoritisme ... L'hebdomadaire a mis en cause le ministre de la Cohésion des territoires dans son numéro du 24 mai. Rien d'illégal, et pas un euro d'argent public en jeu rétorque ce dernier, soutenu comme un seul homme par Matignon, l'Elysée et le parti. 

Pas question de démissionner donc en dépit d'un sens aigu des affaires et de la famille. Le député Ferrand a en effet embauché son fils pendant quatre mois à l'Assemblée. Le ministre marcheur a exprimé ses regrets ce mercredi sur franceinfo "Mon fils est disponible et vient me donner un coup de main pendant quatre mois sur un mandat de cinq ans. Très honnêtement, je trouve qu'il faut en faire beaucoup pour mettre en scène les choses comme ça. Cela étant, et compte tenu des événements plus douloureux qui ont eu lieu ces derniers mois, si c'était à refaire, je ne le referai pas." 

Des regrets exprimés moins de 24 heures après le début de l'affaire. François Fillon avait mis deux semaines à se résoudre au mea-culpa. Opération transparence au ministère où l'on tient à la disposition de la presse toutes les pièces du dossier de la défense. Une riposte à la hauteur de l'enjeu. En pleine préparation de la loi sur la moralisation de la vie publique, le fait qu'un pilier de la Macronie soit soupçonné de favoritisme a de quoi désorienter les militants, divisés. 

L'affaire fait aussi réagir dans la classe politique. Elle-même soupçonnée d'emplois fictifs et visée par plusieurs enquêtes judiciaires, Marine Le Pen exige la tête du ministre. Quant au coordinateur de la campagne Les Républicains pour les législatives, Christian Jacob, il demande à Emmanuel Macron de "faire le ménage dans son gouvernement" s'il veut "démontrer que sa loi de moralisation n'est pas un marché de dupes."

 L'Elysée veut prolonger l'état d'urgence

En vigueur depuis les attentats de novembre 2015, le dispositif a déjà été prolongé à cinq reprises. Il arrive à échéance le 15 juillet mais Emmanuel Macron veut le maintenir jusqu'au 1er novembre, le temps de faire adopter une loi qui permette de renforcer "la sécurité [des Français] face à la menace terroriste" hors état d'urgence a annoncé l'Elysée dans un communiqué. Transposer des mesures de l'état d'urgence dans le droit commun a déjà été fait à plusieurs reprises sous le quinquennat de François Hollande.

Que contiendra ce nouveau projet de loi ? Le gouvernement n'a pas donné de détails. En revanche, les compétences et l'organisation de la "task force", cette cellule anti-terroriste d'une cinquantaine de personnes mobilisable 24 heures sur 24, et rattachées directement à l'Elysée et Matignon doivent être précisées d'ici le 7 juin prochain.

Marine Le Pen rêve de fracturer la droite

Elle se voit en opposante numéro 1. Marine le Pen veut organiser des "assises de l'opposition" à la rentrée, ouvertes à tous ceux qui se considèrent anti-macronistes et anti-mondialistes, des Insoumis de Jean-Luc Mélenchon aux militants de droite. "C'est surtout une façon d'acter et de structurer cette recomposition de la vie politique française" a déclaré la présidente du Front National dans l'émission Questions d'info "les Français ont choisi, ils ont mis au second tour de cette élection présidentielle Emmanuel Macron et Marine Le Pen."

C'est le nouveau casse-noix politique, version droitier. L'autre casse-noix, pour les gauchers, a été inventé par Jean-Luc Mélenchon : d'un côté, ses Insoumis à lui, de l'autre, les marcheurs d'Emmanuel Macron, et au milieu, le Parti socialiste réduit en bouillie. La prédiction pourrait se réaliser lors des  prochaines élections législatives.

Marine Le Pen a-t-elle a les moyens de ses ambitions ? Le parti Les Républicains est-il au bord de la scission ? Tout dépend de l'issue des législatives. Trois scénarios sont possibles :

- Si l'opposition l'emporte, il y aura cohabitation. Mais à droite, ils sont peu nombreux à y croire.

- Si Emmanuel Macron obtient une majorité relative, il aura besoin d'une force d'appoint à l'Assemblée nationale. De nouveaux ministres de droite pourraient entrer au gouvernement et des députés Les Républicains voter une partie des réformes. Cela pourrait aboutir à la constitution d'un nouveau groupe parlementaire, auquel Jean-Pierre Raffarin a déjà trouvé un nom : "Les Constructifs",  et provoquer une scission entre les modérés - les juppéistes et lemairistes notamment - et l'aile la plus à droite du parti, représentée par Laurent Wauquiez.

- Si Emmanuel Macron obtient une majorité absolue, soit plus de 289 sièges : plus besoin de la droite. C'est tout le paradoxe pour l'opposition, une franche défaite aux élections législatives pourrait éviter au parti Les Républicains d'imploser.

À deux semaines du premier tour, le président de la République est attaqué sur sa droite ... mais aussi sur sa gauche. Ce mercredi, la maire de Lille, Martine Aubry, a accusé Emmanuel Macron de préparer "un Parlement à sa botte" et de chercher à "casser 50 ans de progrès social" avec la refonte du code du travail, tant il est "incapable de comprendre la souffrance des gens parce qu'il ne les connaît pas."

La bonne idée du jour : la ministre du Travail ne commentera plus les chiffres du chômage

Muriel Pénicaud veut éviter LE piège dans lequel tous ses prédécesseurs sont tombés ces dernières années : le commentaire mensuel des chiffres du chômage. Des chiffres "qui ne reflètent pas bien l’évolution du marché du travail" selon la ministre qui estime qu'ils brouillent plus qu’ils n’éclairent les tendances de fond. L'autre argument est plus politique : vu que ces chiffres sont souvent mauvais, autant éviter d'en parler.

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