Après une phase de création d’emplois, le chômage risque d'augmenter en 2025

La crainte des pertes d’emplois anime de nouveau les Français, après une baisse du chômage inédite ces dernières années. Si le chef de l'État tablait sur le plein-emploi d'ici 2027, la tendance semble s'inverser en 2025, alors que le contexte international est beaucoup moins favorable.
Article rédigé par franceinfo, Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
France, 2024-04-24. Illustration, France Travail. Site internet de France Travail, anciennement Pôle Emploi, sur les écrans d'un ordinateur et d'un smartphone. Photographie par Jean-Marc Barrère / Hans Lucas. (JEAN-MARC BARRERE / HANS LUCAS / AFP)

Michelin, Auchan ou encore Valeo, des plans sociaux d'ampleur réapparaissent en cette fin d'année 2024. Du côté de l'emploi, le ciel semble s'assombrir de jour en jour. Concernant les estimations, c’est toutefois un peu comme pour les chiffrages pendant les manifestations : la CGT évoque 300 000 postes menacés, quand l’OFCE - l'Observatoire français des conjonctures économiques - table plutôt sur 150 000 destructions d’emplois. La vérité se situe probablement entre les deux, mais une chose est sûre : les perspectives ne sont pas bonnes. 

Un véritable retournement, et une rupture après une phase de création d’emplois bienvenue consécutive à des années de chômage de masse. Souvenez-vous, en 2017, François Hollande ne se représente pas faute de parvenir à inverser la fameuse courbe du chômage, malgré la politique de l’offre qu’il initie. À son arrivée à l’Élysée la même année, Emmanuel Macron poursuit cette politique pro-business, et prend des mesures très attendues par les chefs d’entreprise : baisse des impôts sur les sociétés, loi Pacte, réforme de l’apprentissage et réforme de l’assurance-chômage, sans oublier les ordonnances pour assouplir le marché du travail.

Un contexte international moins favorable

À l’époque, la situation de nos voisins jouait beaucoup aussi. Le Brexit permet à la France de récupérer des emplois, et comme en Italie ou en Allemagne la situation est moins porteuse, la France en profite pour attirer des entreprises étrangères. Malgré un contexte social tendu avec les gilets jaunes, l’industrie retrouve également des postes. Même pendant le covid, grâce aux aides massives, l’hexagone évite une saignée côté emplois. Résultat : plus d’un million et demi d’emplois sont créés. En 2024, le taux de chômage descend à 7,3 %, ce que l'on n’avait pas vu depuis 15 ans. Le chef de l’État promet même le plein-emploi, soit 5%, en 2027.

Mais la machine finit par s'enrayer, alors que peu à peu les aides Covid disparaissent. Depuis l'été 2024, par ailleurs, l’instabilité politique inquiète les milieux économiques qui freinent l’investissement. Le contexte international, lui, se tend : les États-Unis sont très offensifs pour attirer les entreprises avec des prix de l’énergie imbattables et la concurrence de la Chine fragilise des secteurs déjà sous tension, comme l’automobile, où l'on voit des fermetures d’usines et de sous-traitants en cascade.

Entre inflation et arrêt de programmes de construction, la fédération du bâtiment s’attend, de son côté, à plus de 150 000 postes en moins en 2025. Sans oublier toutes les destructions d’emploi qu’on ne voit pas, à bas bruit, dans les petites entreprises, les CDD non-renouvelés ou les départs à la retraite non-remplacés. Sans de vraies politiques publiques d’emploi pour accompagner, faute de budget, tout le monde navigue à vue. Le taux de chômage est aujourd’hui à 7,4 %, mais pour 2025, la Banque de France comme l’Insee prévoient une remontée autour des 8%. Un chiffre qui pourrait toutefois se montrer plus élevé craignent certains.

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