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Attractivité : la mauvaise place de la France

Où en est l’attractivité économique de la France ? Comment la jugent les investisseurs étrangers ? Une étude publiée ce matin n’est pas du tout rassurante.
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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C’est une mauvaise surprise. Cette étude, c’est le baromètre de l’attractivité, que le cabinet EY, Ernt & Young, publie chaque année à la fois sur la base d’entretiens avec des investisseurs étrangers et de données très précises sur le nombre d’implantations nouvelles créées sur notre territoire et le nombre d’emplois afférents. Et cette dernière livraison qui porte sur l’année 2015 a l’effet, il faut bien le dire, d’une véritable douche froide pour la France qui apparaît complètement à contre-courant. Si on regarde d’abord le tableau général qui porte, au delà des pays de l’union européenne, sur l’espace économique européen, c’est à dire 42 pays ; prise globalement cette zone progresse, malgré les crises politiques, migratoires ou sociales qui ont jalonné cette année 2015. Les investissements étrangers en Europe ont augmenté en 2015. L’Europe au sens large, tire donc son épingle du jeu dans la mondialisation, grâce, on le sait à des taux d’intérêts très attractifs, au niveau très bas de l’euro et à la baisse des prix de l’énergie. Mais dans ce tableau, la France est le seul pays qui a régressé en 2015 (-2%). Tout le monde a progressé, sauf la France, qui du coup se fait distancer par les deux premiers, où la dynamique est très forte, c’est à dire d’abord la Grande-Bretagne (+20%) et l’Allemagne (+9%).

Comment expliquer cette déconvenue ?

Les explications données dans l’étude sont les suivantes : et elles sont bien connues, niveau de la fiscalité, niveau des charges, rigidité du marché du travail, nombre de jours de grève le plus élevé d’Europe, rapporté au nombre de salariés, tout cela est assez prévisible, hélas. Mais il y a un autre point, qui joue dans les arbitrages des investisseurs, c’est que les autres ont bougé, et parfois beaucoup bougé ces dernières années, ces derniers mois même, les autres se sont nos concurrents, comme l’Italie, avec son Job Act, sa réforme du marché du travail, mais aussi l’Espagne, qui a beaucoup diminué ses coûts, tout comme le Portugal par exemple.

Faut-il en déduire que la politique de l’offre poursuivit par le gouvernement n’a pas eu d’effets ?

Je ne le crois pas. Simplement, il y a une vérité que les économistes connaissent bien, c’est que les politiques de l’offre ont besoin de temps pour diffuser et porter leurs fruits. Elles sont rarement calées sur les calendriers politiques. D’autres études, tout à fait sérieuses, montrent que grâce au CICE et au Pacte de responsabilité la compétitivité de la France, qui s’était fortement dégradée depuis plus de 15 ans,  commence à s’améliorer, pas à pas, notamment vis à vis de l’Allemagne. Et il y a dans le baromètre Ernt and Young, aussi des signes encourageants : par exemple,  en accueillant deux fois plus de centres Ret D, c’est à dire de recherche et développement, la France s’affiche au 5ème rang mondial. Les investisseurs reconnaissent à la France des atouts distinctifs : la qualité de l’innovation et de la recherche, la capacité à former et à attirer des talents, la créativité de son réseau de start-up, - la French Tech - et la puissance des grands secteurs. Tout cela fait un socle. Mais le monde bouge, nos concurrents ne sont pas inertes, la France avance donc lentement, trop lentement, et il reste beaucoup de chemin à faire. 

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