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Déficit record pour la richissime Arabie saoudite

La richissime Arabie saoudite prévoit un nouveau déficit budgétaire record pour l'année prochaine. Les finances en déroute au royaume du pétrole. Mais que se passe-t-il donc ?
Article rédigé par franceinfo
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Si l'Arabie saoudite était dans la zone euro, elle se ferait littéralement tancer par Bruxelles : avec un déficit de 11 % de son PIB, Riyad ne pourrait même pas remplir les critères de Maastricht, c'est un comble pour la première économie arabe. 80 milliards d'euros de déficit en 2016, après déjà un trou de 90 milliards en 2015.

L'or noir ne fait plus recette

C'est simple, ce n'est pas nouveau et cela va durer encore quelques années selon les experts : l'or noir ne fait plus recette. La baisse des prix du pétrole, seule explications ? De toute évidence, oui. Pour preuve, depuis la mi-2014, les prix du pétrole ont perdu plus de 60 % de leur valeur ce qui représente pour l'ensemble des pays du Golfe un manque à gagner d'environ 300 milliards d'euros.

Pour l'Arabie saoudite, c'est très lourd. Certes, Riyad dispose encore de confortables réserves de changes, les coffres de ses banques recèlent encore quelque 400 milliards de dollars. Mais cette manne fond comme neige au soleil. L'Arabie saoudite est un Etat-Providence, qui subventionne beaucoup son économie et ses sujets : 95% des salariés y sont fonctionnaires. Et puis il y a le contexte international, qui impose sécurité et défense. Les dépenses militaires sont le premier poste budgétaire avec 52 milliards d'euros, c'est environ un quart du budget du royaume.

Quelles conséquences pour les 30 millions de Saoudiens ?

La pétromonarchie est obligée de faire des économies. Comble du paradoxe au pays de l'or noir, alors que nous Occidentaux achetons notre litre d'essence au plus bas, l'Arabie saoudite, pour rééquilibrer son budget annonce qu'elle va remonter de 50% des taxes sur l'essence. C'est vrai qu'avec un litre à 15 centimes, l'essence est bradée là-bas, mais quand même ! Et ce n'est pas tout, l'Etat saoudien va reconsidérer les prix de l'électricité et de l'eau, va augmenter les taxes sur les services, en imposer de nouvelles et instaurer une TVA, en considération avec les autres monarchies du Golfe. Il s'agit ni plus ni moins de mesures d'austérité.

Cette situation peut-elle avoir un impact en matière géopolitique ? Certainement, car les Etats-Unis sont désormais le premier producteur de pétrole du monde, grâce aux hydrocarbures de schiste. Donc les pays producteurs de l'OPEP y voient pour eux une perte de vitesse. Certains Etats du golfe Persique y répondent par une diversification de leurs économies et des investissements ailleurs dans le monde. Par extension, le déficit budgétaire de l'Arabie saoudite est donc également symptomatique du mélange des cartes qui est en train de s'effectuer de part et d'autre de la planète.

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