Entreprises : le casse-tête du temps de travail
Chez Smart, la CGC et la CFTC, ont signé l’accord des 39 heures payées 37. Travailler plus pour gagner la même chose, et avoir moins de RTT, spécificité typiquement française, pour préserver l’emploi, c’est l’idée. L’accord ne sera sans doute pas appliqué même si 56 % des salariés sont pour car les syndicats signataires sont minoritaires, ça aussi c’est très français, mais ça rejoint ce qui s’est passé dans les hôpitaux de Paris hier. Pour sauvegarder la moitié des 4.000 postes de l’AP-HP, la CFDT a signé un accord qui fait disparaitre deux jours de congés et des RTT et qui réorganise le temps de travail. Dans l’AP-HP, c’est-à-dire la fonction publique hospitalière et pas dans une banale usine du privé. Dans le même genre encore, il y a les pilotes d’Air France à qui on demandait de travailler plus pour le même prix et qu’on veut aujourd’hui rétribuer au mérite. Avec un maître mot, la compétitivité.
Que reste-t-il des 35h ?
Ça dépend des secteurs et des niveaux de qualifications bien sûr. Mais les statistiques montrent qu’en réalité le temps de travail en France est plutôt de 37h et demi, selon l’OCDE. Payées combien, c’est toute la question. Mais en gros, le mouvement qui tend à revenir sur ces 35 h est amorcé depuis longtemps. Prenez Bosch à Rodez, Behr France à Rouffac, l’accord de compétitivité chez Renault, ou encore le rapport de la cour des comptes, ça remonte déjà à plus de deux ans. Le rapport Combrexelles remis à l’actuel gouvernement qui fait la part belle à l’accord collectif dans les entreprises va dans le même sens. Le mouvement est en marche. Non pas pour revenir systématiquement sur les 35h, qui, il faut bien le dire se défont toutes seules dans la vraie vie des entreprises, mais pour plus de flexibilité, d’adaptabilité dans un monde en perpétuel mouvement que la mondialisation, la montée des pays émergents, la crise mais aussi l’internet ont considérablement bouleversé.
Et chez les voisins ?
Il y a dix ans déjà que certains de nos voisins ont fait leur révolution. Volkswagen a inventé, à la fin des années 90, la semaine de 29H payée 29 pour sauver l’emploi, et, outre Rhin aussi, tout comme en Grande-Bretagne, on a inventé des emplois selon les besoins des entreprises. On s’est mis aussi à ouvrir les magasins le dimanche. Cette flexibilité, cette adaptabilité ont permis aux deux pays d’avoir deux fois moins de chômage que chez nous où les 35h n’ont ne nous ont pas épargné les cinq millions et demi de demandeurs d’emploi toutes catégories confondues. Et toute la question, pour les jeunes générations, stagiairisées, CDDisées, übérisées, ça n’est plus le temps de travail, c’est l’accès au travail tout simplement. Le monde du travail se transforme, ça n’est pas une raison pour jeter tout le code du travail aux orties mais on ne peut plus faire comme si rien ne s’était passé, comme si rien n’existait autour de nous et ça, c’est un vrai défi pour les partenaires sociaux.
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