Espagne, l'incertitude économique
Premier indicateur, la bourse de Madrid, dans le rouge dès le lendemain des élections, a perdu 3,6 %. Deuxième indicateur, les taux obligataires à 10 ans par lesquels l’Espagne se refinance, ils sont repartis à la hausse, à 1,8 % contre 1,6 avant le scrutin. C’est mauvais pour la charge de la dette qui est encore à 100 % du PIB. Si personne n’a encore vu l’argent sortir en masse du pays, il y a une inquiétude sur la future politique économique de l’Espagne où personne ne semble vouloir ou pouvoir s’allier avec personne. On voit déjà que les négociations pourraient durer très longtemps. Les interrogations sont là et s’ajoutent aux inquiétudes sur le projet d’indépendance catalane. Tout ça ne rassure pas les marchés.
La reprise en question
L’Espagne est sortie de 5 années de récession et de croissance nulle depuis l’automne 2013 et a enclenché la vitesse supérieure, 3,3 % de croissance à la fin de cette année. Mais c’est encore une reprise très fragile qui est même en train de ralentir légèrement. En un an, le PIB s’est accru de 3,4 % mais c’est avant tout la consommation des ménages et des entreprises qui soutient l’économie. Les exportations sont à la hausse mais encore insuffisantes et le taux de chômage est encore très élevé, un actif sur 5 est toujours sans emploi. C’est un peu moins qu’au plus fort de la crise mais c’est encore beaucoup trop. Et ce malgré la création de 45 000 emplois par mois en 2015. Mais l’Espagne dépend de l’extérieur pour 75 % de son énergie. Quand la production augmente la dette augmente, quand les hydro carbures augmentent, la dette augmente. Et si le pétrole ou les taux repartent à la hausse, elle pourrait repartir à la hausse.
Vers une sortie de l’austérité ?
Regardez Syriza en Grèce, passé sous les fourches caudines des exigences européennes et puis de l’autre côté, le nouveau gouvernement portugais dont la coalition de gauche défait les mesures d’austérité. On va voir. Il faudra bien tout de même que l’Europe s’intéresse à ce qui se passe au Sud dans les urnes où le mouvement est général. Même Renzi a récemment reparlé d’une autre politique pour l’Europe. Si Rajoy a été le bon élève de l’austérité européenne, avec la croissance la plus forte depuis deux ans, rien ne dit que le nouveau gouvernement pourra ou voudra poursuivre les réformes. Surtout si la gauche gouverne avec un programme de hausses des impôts sur les entreprises et d’augmentation du salaire minimum. Plusieurs scénarii sont possibles, y compris de nouvelles élections en cas d’alliance déjà diificiles à conclure. Pour l’instant, on n’y voit pas clair et la victoire à la Pyrrhus de Mariano Rajoy met l’Espagne à la merci de son pire ennemi : l’incertitude politique.
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