Faut-il avoir peur de la Chine ?
Si certains voudraient croire que les économistes disent tous la même chose, et bien le cas de la Chine offre un sérieux démenti. Jugez plutôt : il y a sur le mal qui frappe aujourd’hui cette grande puissance au moins deux écoles.
La première est plutôt optimiste, en tout cas elle incite à la prudence avec trois arguments:
1 – Ces économistes, ces sinologues se méfient d’abord des effets de mode, et ils s’étonnent qu’on puisse passer d’un enthousiasme, d’une admiration sans borne pour le grand décollage économique chinois au pessimisme le plus noir, le plus abyssal. Il faut disent-ils raison garder.
2 – Ils affirment que l’économie de ce géant asiatique subit bien un fort ralentissement, mais après trente d’une croissance à plus de 10%, cette situation est on ne peut plus normale, il ne s’agit pas d’un effondrement, mais d’un rééquilibrage, certes un peu tumultueux, un peu chahuté, somme toute comme toutes les périodes de transition.
3 – Ces économistes font remarquer que ce coup de frein frappe d’abord les secteurs qui en avaient le plus besoin après des années de fuite en avant : que la production d’acier ou de charbon chute, et c’est une excellente nouvelle pour le l’environnement et le climat. Quand à la bourse de Shanghai, elle avait tellement monté en quelques mois, qu’une correction, qu’un assainissement, était nécessaire. Bref, en résumé, il faut tenir bon, garder ses nerfs et ne pas trop se fier à la panique un peu délirante des marchés.
D’autres économistes sont beaucoup plus pessimistes et inquiets sur l’état réel de l’économie chinoise
Oui, Fabienne, eux aussi développent trois arguments.
1 - Les défis auxquels sont confrontés les dirigeants chinois sont de premier ordre et leur grand projet, l’avènement d’une société de consommation structurée autour d’une immense classe moyenne, moteur de l’économie mondiale, ne fonctionne pas. En tout cas pas encore.
2 – Le mal est profond, figurez-vous que dans cet empire baroque, à la fois communiste et capitaliste, le nombre de boursicoteurs est désormais supérieur à celui des membres du parti. Les Chinois sont une des populations qui épargnent le plus au monde, et beaucoup ont joué avec les mécanismes de marchés les plus risqués, les plus dangereux et en général ça se termine mal.
3 – La stabilité toute entière du régime chinois repose sur l’ascension d’une puissance classe moyenne, et si celle-ci est touchée, alors il y a un vrai risque systémique, avec de possible troubles sociaux et une déstabilisation générale qui déboucher, si l’on suit Jacques Attali par exemple, sur une nouvelle catastrophe économique mondiale.
Qui faut-il croire ?
Difficile à dire. D'autant que je me méfie des prévisions. Mais il faut souligner que ce brutal réajustement chinois intervient au moment même où la conjoncture mondiale donne des signes inquiétants de faiblesse, il n’y a plus aujourd’hui qu’un seul vrai moteur dans la croissance mondiale, ce sont les Etats-Unis, partout ailleurs et notamment dans les pays émergents, la crise ou le ralentissement s’installe. Et ce n’est pas bon.
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