Hommes, femmes : les inégalités dans le monde du travail
D’abord, oui, il y a bien une dynamique constante d’amélioration, mais aussi, il faut le dire, des risques de stagnation sur certains points durs. Alors regardons quelques chiffres publiés hier par la Dares, l’organisme public d’études et de statistiques sur le travail. C’est très intéressant. D’abord, 3 points d’amélioration :
1 - les femmes sont toujours de plus en plus nombreuses sur le marché du travail, c’est la grande révolution du XXème, elle se poursuit, l’écart se réduit avec les hommes. Les femmes représentent 48% de la population active, contre seulement 34% il y a 50 ans. Donc si la population active s’accroit, c’est d’abord grâce à ce mouvement d’émancipation et d’autonomie des femmes.
Deuxième signe positif : les femmes ont mieux résisté à la crise que les hommes en matière d’emploi : le taux de chômage des femmes est ainsi inférieur à celui des hommes.
3 - Si on regarde tout en haut des entreprises, les choses commencent à avancer : vous savez qu’une loi, votée en 2011 avaient imposé des quotas pour féminiser les conseils d’administration : et bien ça marche, en cinq ans la part des femmes dans ces instances a triplé et elle atteint 30% dans les plus grandes entreprises.
Alors qu’est-ce qui stagne ou résiste ?
Le premier point noir, sur lequel les progrès sont lents, très lents, ce sont les inégalités de salaires. En moyenne, une femme gagne entre 15 et 18% de moins qu’un homme. Mais les chercheurs ont réussi à isoler ce qui tient de la discrimination pure et dure, j’allais dire idéologique : elle n’est que de 5 à 8%. Il faut continuer à la combattre bien sûr, mais cela signifie que l’essentiel du problème est ailleurs et qu’il est totalement structurel : sont en cause là, les études, le parcours professionnel, et donc les métiers qui restent incroyablement segmentés : Il y a 8 métiers par exemple où la part des femmes approche ou dépasse les 90% : assistantes maternelles, aides à domiciles, employées de maison, secrétaire de direction, coiffeur, esthéticienne, infirmières ou aides soignantes. La Dares a calculé que si on voulait mettre fin à cette ségrégation professionnelle, il faudrait que la moitié des femmes et la moitié des hommes changent tout simplement de métiers ! c’est dire la dimension du problème.
Quelles actions pourraient changer ces réalités ?
Vous voyez là qu’on est loin des discours accusatoires ou des postures victimaires : c’est l’ensemble de la société qui est concernée : il y a des mentalités, des projections, des stéréotypes, des choix d’orientation portés par la société, homme et femme réunis d’ailleurs. Si on veut faire bouger ces dimensions structurelles du marché du travail, il faut déployer des politiques publiques bp plus volontaristes extrêmement concrètes : elles concernent l’organisation des filières, les logiques d’orientation, la revalorisation des métiers, une pédagogie permanente en lien avec les entreprises publiques ou privées. La seule dénonciation ne va pas suffire.
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