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Le décryptage éco. Carrefour : l'ancien PDG renonce à une partie de sa rémunération

L'ex-PDG de Carrefour a renoncé samedi à 3,9 millions d'euros, sur les 13,17 millions qu'il devait toucher, sous la pression du gouvernement. Le décryptage de Fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet (L'Opinion)
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Georges Plassat, alors PDG de Carrefour, en juin 2016. (CHRISTOPHE MORIN / MAXPPP)

Pour stopper la polémique, l’ancien PDG de Carrefour, Georges Plassat, a annoncé samedi qu’il allait renoncer à une partie de ses indemnités de départ. Mais pour le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, c’est loin d’être suffisant.

Pour Benjamin Griveaux, Georges Plassat aurait dû renoncer à la totalité du package, et pas seulement à sa clause de non concurrence, soit 3,9 millions d'euros, sur les 13,17 millions d’euros que le PDG a reçus quand il est parti à la retraite en juillet dernier.

Samedi, Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, avait jugé choquant le montant du chèque alors que Carrefour a terminé l'année avec une perte nette de 531 millions d'euros. Et qu’il met en œuvre un vaste plan de restructuration, avec plus de 2 000 licenciements en France. Benjamin Griveaux est allé plus loin en estimant que "quand on a échoué, on s'en va sans gloriole", en parlant même de "comportement de voyou".

Un code Afep-Medef à dépoussiérer

Mais le gouvernement a-t-il vraiment des moyens d’intervenir ? Non, parce que Carrefour est une entreprise privée. Le gouvernement n’a pas de prise. C’est d’ailleurs pour cela qu’outre les déclarations indignées, Bruno Le Maire, mais aussi Benjamin Griveaux, se sont tournés ce week-end vers le patronat en lui demandant de prendre des mesures fortes. Et notamment de revoir le code Afep-Medef.

Ce code de bonne conduite édicté par les deux organisations patronales fait référence, mais il n’est pas très contraignant. Les membres du gouvernement appellent l'Afep et le Medef à être plus fermes sur les rémunérations des dirigeants d'entreprise. Ce n’est pas la première fois qu’un gouvernement engage ce type de démarche, mais c’est un peu vain.

Le code Afep-Medef a déjà été souvent revu ces dernières années, et il est justement en train d’être révisé. Le changement a été lancé cet hiver, bien avant la polémique. La nouvelle version devrait être publiée les jours prochains. Mais de l’avis de plusieurs parlementaires, elle reste très timorée, pas assez ambitieuse. Pas sûr qu’elle intègre les propositions des parlementaires ou même de la direction du Trésor, comme la mise en place d’instances de régulation réellement indépendantes, comprenant des extérieurs, des universitaires, des investisseurs financiers, ou encore le fait de formaliser dans le code, le rôle et les responsabilités de l'administrateur référent indépendant pour établir le lien entre actionnaires et administrateurs.

Les organisations patronales ont du mal à bouger sur ces sujets. Benjamin Griveaux a d’ailleurs espéré que le nouveau patron du Medef – qui sera élu le 3 juillet prochain entende ce message. Ce n’est pas certain. Aucun des candidats à l’élection du Medef ne fait de vraies propositions en ce sens.

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