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Le décryptage éco. CETA : signera, signera pas ?

Le suspens se poursuit autour du CETA, l’accord commercial entre l’Europe et le Canada qui devrait être signé cette semaine à Paris. Malgré un ultimatum posé par  la Wallonie, la province belge francophone fait toujours de l’obstruction.

Article rédigé par franceinfo, Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Paul Magnette, chef du gouvernement wallon et Martin Schulz, président du Parlement européen, le 22 octobre 2016 au Parlement européen à Bruxelles évoquent le CETA. (NICOLAS MAETERLINCK / BELGA)

On peut se demander comment, après les multiples crises, Brexit compris, l’Europe peut encore donner un spectacle aussi lamentable sur la scène internationale. Tout ça parce qu’une fois de plus, ce sont les intérêts nationaux et les procédures compliquées qui pèsent. La Belgique a du faire voter ses sept parlements régionaux sur le traité. Et après des années de négociations, la Wallonie réclame encore des garanties et du temps. Certes, elle a eu des assurances sur les questions qui la fâchent, mais aussi des pressions, et un ultimatum jusqu’à ce lundi soir, ultimatum bien peu démocratique, et la Wallonie s’est braquée. Il aurait sans doute fallu prendre le temps de s’assurer de l’adhésion de tous avant de parler signature. Il aurait effectivement fallu, comme le dit le Canada, que l’Europe finisse son job.

Un accord commercial pour 500 millions de consommateurs

Trois millions et demi de wallons qui bloquent un accord qui concerne un demi-million d’Européens, c’est un comble pour les partisans du CETA, car cet accord permettrait, en autre, d’attirer les entreprises canadiennes en Europe, d’accéder aux marchés publics canadiens et de baisser les droits de douane pour booster des exportations et une croissance qui ne repart pas. A chaque million d’euros d’exportation, ce serait, dit Bruxelles, 15 000 emplois créés. Mais les opposants, 8 000 encore à Amsterdam ce week-end, ne sont pas de cet avis. Une étude américaine parle, elle, de 200 000 emplois détruits en Europe et d’un demi-point de croissance en moins. On comprend que devant tant de flou, le CETA ait encore des opposants. Et ça ne sera pas le dernier épisode car il faut aussi que chacun des parlements des 28 ratifient l’accord, après sa signature. Autant dire que le CETA n’est pas pour demain. Oui, l’Europe est un "machin", très lourd à manier et peut être incapable aujourd’hui de signer des accords internationaux, une vingtaine à venir, dans un domaine qui est pourtant son ADN, le commerce.

Des accords qui font peur

Souvenons- nous : au début des années 2 000, la mondialisation s’accélère avec l’arrivée de la Chine sur nos marchés et des délocalisations qui tuent l’emploi et dont on ne s’est toujours pas vraiment relevé. Qui plus est, le CETA est un brouillon pour le TTIP, cet accord toujours en discussion avec les Etats Unis, et dont les détracteurs brandissent le spectre des OGM et du poulet aux hormones dans nos assiettes. Les accords commerciaux internationaux font peur aujourd’hui. La mondialisation, à tout-va, a blessé les économies et les populations, elle a attisé les populismes. La tendance est au repli sur soi y compris outre-Atlantique, un repli sur soi dénoncé il y a peu par le FMI car il bloque la reprise mondiale. Mais la réalité est là : ces accords arrivent, après des années de crise en Europe, avant même que l’économie ne redémarre vraiment, c’est-à-dire au plus mauvais moment, au moment où l’Europe donne le sentiment qu’elle ne protège plus le citoyen

 

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