Le décryptage éco. Des ordonnances, pour quoi faire ?
Les ordonnances qui vont réformer notre code du travail seront dévoilées jeudi. Emmanuel Macron veut créer un système de flexisécurité, mais pour l’instant, c’est surtout de flexibilité dont il s’agit.
Pour faire baisser le chômage, Emmanuel Macron parie sur un nouveau modèle social, inspiré des systèmes nordiques, avec plus de souplesse et en même temps plus de droits pour les travailleurs. Le problème, c’est qu’il commence par les mesures les plus libérales : par exemple plafonner les indemnités prud’homales pour les licenciements abusifs, ou encore élargir le CDI de chantier, ce contrat à durée indéterminée, liée à une mission bien précise. Quand la mission est finie, après des mois ou plusieurs années, le contrat est interrompu par l'employeur… Du coup, ce CDI de chantier a un goût de CDI de rabais…
Les ordonnances devraient aussi permettre la négociation d’accords dans les entreprises sans passer par les syndicats. Au fond, il n’y a pas grand-chose pour sécuriser les travailleurs. La partie bouclier social, pour accompagner les gens dans les moments critiques de leur vie professionnelle, elle, n’est prévue, que dans un second temps, à l’automne. Ce sera la refonte du système de formation, avec 15 milliards d’euros injectés, pour aider les moins diplômés à se préparer aux métiers de demain. Ou encore la promesse d’une nouvelle assurance chômage. Pour que les gens puissent bouger plus facilement de leur job, en ayant des indemnités chômage quand ils démissionnent, que les indépendants ou les petits patrons aient des allocations si leur affaire fait faillite…
Mais ce volet sécurité, le gouvernement n’en parle presque pas. Du coup, les Français ne sont pas convaincus par les ordonnances. Est-ce qu’une loi pourra faire baisser le chômage ? La réponse n’est pas simple. Car les économistes se renvoient des études à la figure.
Des exemples à l'étranger, mais des comparaisons compliquées
Par exemple, on compare souvent ce que veut faire Emmanuel Macron au Job Acts de Matteo Renzi en Italie. L’idée était de "favoriser" les embauches en CDI mais en instaurant une période d'essai allant jusqu’à trois ans. Plus de 400 000 emplois ont été créés en deux ans, mais il y avait aussi une grosse prime pour que les patrons embauchent, donc c’était aussi une forme d’emploi subventionné. Chose qu’Emmanuel Macron ne veut plus faire, lui qui coupe dans les contrats aidés.
On se réfère aussi beaucoup aux réformes Schroeder en Allemagne, mais il y a là-bas une tradition de concertation entre les syndicats et le patronat beaucoup plus forte. C’est très difficile de comparer avec les autres modèles.
Faut-il faire une réforme ? Quand on voit les derniers chiffres du chômage – 35 000 inscrits de plus, en catégorie A, à Pôle emploi, en juillet – on peut se dire qu’il faut bouger des curseurs. Alors, soyons franchouillards, si on doit se référer à des travaux, prenons ceux de "notre" prix Nobel d'économie, Jean Tirole. Pour créer des emplois, une grande réforme du marché du travail est indispensable. Il faut qu’elle allie à la fois de la flexibilité mais aussi un grand plan de formation, une refonte de l’assurance-chômage, et une baisse du coût du travail… Bref, ce que promet Emmanuel Macron qui vise 7% de chômage à la fin de son quinquennat
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