Le décryptage éco. Edouard Philippe relance l’idée d’une "compensation" des aides sociales
Ces "contreparties" au versement d'aides sociales pourraient prendre la forme du bénévolat, par exemple. Le décryptage de Fanny Guinochet.
Edouard Philippe a encore défendu mardi 19 février devant l’Assemblée nationale, l’idée de demander des "contreparties" au versement d'aides sociales. Il en avait déjà parlé la semaine dernière. Pour l’instant, cela reste flou mais cela pourrait être du bénévolat, des heures d’intérêt général demandés en échange d’allocations.
Le Premier ministre a cité un exemple : celui du Conseil départemental du Haut-Rhin qui, en 2016, avait demandé aux allocataires du RSA de faire sept heures de bénévolat par semaine, sans quoi ils étaient privés d’allocation.
Pas de bénévolat, pas de RSA
La levée de boucliers des associations avait été immédiate. Le département du Haut-Rhin avait dû revoir sa copie car l’affaire avait été portée devant le tribunal administratif qui a annulé la mesure. Du coup, le Conseil général, à l'époque, a du rendre les heures de bénévolat facultatives et non plus obligatoires, et modulables selon la situation des personnes.
Coup de théâtre : en juin, le Conseil d’État a finalement donné raison au département. Cela ouvre une brèche sur la possibilité de rendre obligatoire des travaux d’intérêt général en échange d’aides sociales.
À un moment où le gouvernement travaille sur la mise en place d’une allocation sociale unique, ces déclarations d’Edouard Philippe ne tombent pas hasard et elles ont déjà commencé à faire grincer des dents. Des députes – y compris des députés de la majorité – sont montés au créneau pour demander d’arrêter de stigmatiser les Français les plus fragiles. Edouard Philippe se dit conscient du caractère explosif de ce sujet mais estime qu’il ne faut pas y voir une mesure punitive mais plutôt un accompagnement, un suivi des allocataires.
Emmanuel Macron a souvent souligné l’importance de faire respecter les droits et les devoirs des demandeurs d’emploi. En fin d’année, le gouvernement a d’ailleurs fait passer un décret pour multiplier par trois le nombre de contrôleurs Pôle emploi.
Pôle emploi vise les 500 000 contrôles par an, contre 140 000 actuellement.
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