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Le décryptage éco. "L'âge d'équilibre", nouveau paramètre dans la future réforme des retraites

La réforme des retraites va reposer sur la notion d'"âge d’équilibre". Ça veut dire quoi exactement ? Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des seniors travaillent dans un garage automobile. (MYCHELE DANIAU / AFP)

Après l’âge légal, voici donc "l’âge pivot" ou "l’âge d’équilibre". Dans son discours de politique générale, mercredi 12 juin, Edouard Philippe, Premier ministre, a abordé  le dossier de la retraite. Pour faire simple, dans la réforme des retraites que prépare le gouvernement pour créer un système universel par points, il y aura un curseur, un "âge d’équilibre" nécessaire pour avoir des droits pleins.

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Dans le système actuel, pour toucher une retraite complète, il faut cumuler deux critères : un nombre minimum de trimestres cotisés, 43 ans de travail au moins ; et atteindre 62 ans, l’âge légal en vigueur en France. Cet âge légal, Emmanuel Macron a promis de ne pas y toucher pendant sa campagne, ce qui est une contrainte pour lui. Du coup, le gouvernement va créer un autre paramètre, un âge d’équilibre, que le gouvernement appelait jusqu’alors âge pivot. Si vous voulez partir avant, vous serez libre de le faire, mais votre pension sera amputée, vous toucherez moins d’argent 

Un "âge d'équilibre" au-delà des 62 ans

Edouard Philippe n’a pas dit à quel âge serait fixé l'âge pivot mais il faut s’attendre à ce que ce soit bien au-delà de 62 ans. Car il a aussi précisé  "qu’on ne pouvait pas continuer à partir à la retraite deux ans plus tôt que l’âge moyen des autres pays européens". Et, quand on regarde nos voisins, l'Allemagne, le Royaume-Uni, ou les Pays-Bas sont plutôt sur des âges de départ entre 64 et 65 ans. L’âge d’équilibre promet d’être dans ces eaux-là. D’ailleurs, dans les faits, les Français travaillent déjà bien après 62 ans dans le privé : en moyenne, ils restent plutôt jusqu’à 63 ans au travail.  

L'enjeu est de maintenir un équilibre financier. Si les gens partent trop tôt à la retraite, les comptes du régime de retraite vont très vite plonger dans le rouge et on va se retrouver avec des retraités qui auront de toutes petites pensions. Le gouvernement veut éviter ce scénario surtout après avoir appris que le système des retraites va être beaucoup plus déficitaire que prévu. Selon le Conseil d’orientation des retraites, le régime ne sera pas à l’équilibre avant au moins 2042, alors qu’on tablait plutôt sur un retour à l’équilibre vers 2036.

D’où la nécessité selon Edouard Philippe que les Français travaillent plus longtemps. Et pour ce faire, il a aussi évoqué des incitations dans le nouveau système. Même s’il n’a donné aucun détail sur ces incitations, ce sera sûrement un bonus sur le montant des pensions quand vous travaillez plus longtemps. Il y a quelques semaines, Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire à la réforme des retraites, avait parlé d'une "surcote" à partir de 62 ans et même d’une "décote". Avec en contrepartie, l’instauration d’un malus pour ceux qui n’atteindraient pas cet âge d’équilibre, Le Premier ministre n’en a pas parlé mercredi, histoire de ne pas mettre le feu aux poudres parce que le sujet est délicat. Mais la piste d’un bonus- malus serait étudiée de près par Matignon.                   

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