Le décryptage éco. La crise des "gilets jaunes" n'en finit pas de plomber l'économie française
La ministre des transports Elisabeth Borne reçoit les routiers lundi. Ils demandent des mesures de soutien car avec les "gilets jaunes", leur activité souffre. Le décryptage éco de Fanny Guinochet ("L'Opinion").
Les routiers demandent des mesures de soutien à cause des "gilets jaunes" car leur activité est en souffrance. La ministre des Transports, Elisabeth Borne, les reçoit lundi 7 janvier.
Avec la crise des "gilets jaunes", les camions n’ont pas pu circuler. Avec les barrages, certains sont restés bloqués sur les ronds-points. Il y a déjà une dizaine de jours, la Fédération nationale des Transports routiers s’était alarmée expliquant que certaines entreprises étaient carrément sur le point de déposer le bilan. Pour l'ensemble du secteur, la fédération chiffrait déjà à plus de deux milliards d'euros la perte d'exploitation. Et c’était avant les mobilisations de ces derniers jours et l’acte 8 de samedi dernier. Les entreprises demandent au gouvernement des mesures d’aide, notamment que les charges et taxes qui sont normalement dues par les entreprises soient ajournées, ou même effacées.
Plusieurs secteurs gravement touchés
Selon le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, "la crise des 'gilets jaunes' coûte cher à l'économie française". Elle plombe la croissance, notamment le dernier trimestre 2018 que l’on prévoyait plutôt bon. Selon le ministre, il faut s’attendre à 0,1 point de croissance en moins, ce qui représente deux milliards d'euros de perdus. D’ailleurs, la Banque de France et l'Insee ont toutes deux abaissé leur prévision de croissance de 2018 pour l'économie française à 1,5%.
Et selon la Banque de France, tout compris, la facture pour cinq semaines de mouvement des "gilets jaunes" s'élèverait déjà à 4,4 milliards d'euros. C’est une première estimation. On n'a pas vu ça depuis les grandes grèves des cheminots de 1995 qui, elles, avaient duré trois semaines !
Des conséquences importantes sur l’emploi
Ces dernières semaines, plusieurs entreprises ont tourné au ralenti, ou ont dû baisser le rideau. Les salariés n’ont pas pu aller travailler. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud estime que plus de quatre millions d'heures de travail ont été perdues depuis le début du mouvement des "gilets jaunes". Du coup, les employeurs concernés ont eu recours au chômage partiel ou chômage technique : mis en place en 2008, au moment de la crise, ce dispositif permet aux entreprises de suspendre ou de réduire l'activité des salariés. L’Etat compense en payant une partie du salaire, mais l’employé y perd puisqu’il ne touche que 70% de son salaire, sans les primes les heures sup évidemment ! L’avantage du chômage partiel, c’est d’éviter le licenciement. Selon la ministre du Travail, près de 58 000 personnes sont concernées depuis le début du mouvement. C’est beaucoup. Pour vous donner une idée, au plus fort de la crise en 2008/2009, on comptait 150 000 à 200 000 personnes au chômage partiel par trimestre.
Le chômage partiel, une solution temporaire
Ne serait-ce que parce que ce dispositif a un coût pour la collectivité : Muriel Pénicaud estime que l’Etat a déjà débloqué 32 millions d'euros. Et si le chômage partiel permet de limiter la casse pendant un temps, c’est parfois l’antichambre avant le chômage, notamment dans les petites entreprises qui n’ont pas de trésorerie ou les reins assez solides. Et là, dit la ministre, dans plus de 9 cas sur 10, les entreprises qui ont demandé de bénéficier du chômage partiel sont des PME dans le commerce, la construction, l'artisanat, un peu dans l'industrie aussi.
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