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Le décryptage éco. La crise politique italienne inquiète les marchés

L'Italie est toujours dans l'attente de la composition du gouvernement. La crise politique pourrait avoir des répercussions sur l'ensemble de la zone euro. Le décryptage de Fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet (L'Opinion)
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Publié
Temps de lecture : 3min
Conférence de presse de Sergio Mattarella, président italien à Rome, le 23 mai 2018. (VINCENZO PINTO / AFP)

En Italie, après l’annonce du président Sergio Mattarella de refuser un gouvernement eurosceptique, les marchés plongent. En attendant les futures élections, dont on ne connaît pas vraiment la date, le pays sombre dans l’incertitude, les investisseurs s’inquiètent et leurs craintes se ressentent immédiatement sur les marchés. Résultat, la bourse de Milan a fini en net recul mardi 29 mai et le "spread" – l'écart entre les taux d'emprunt italien et allemand à dix ans – a même dépassé, mardi, la barre des 300 points.

Le spectre de la crise de la dette revient en Europe

C’est une mauvaise nouvelle pour l'Etat italien qui avait plutôt vu ses taux d’emprunt baisser ces dernières années et qui les voit flamber à des niveaux inédits : il va devoir emprunter de plus en plus cher. Sans compter que la dette des banques italiennes n’est pas épargnée.

Les craintes que Rome ne fasse défaut sur sa dette augmentent. L’Italie est la troisième économie de la zone euro et c’est surtout le pays le plus endetté de la zone euro. Sa dette équivaut à presque 132% du PIB. C’est la première dette en valeur, juste devant celle de la France, mais à la différence de la France, la dette italienne est jugée par les principales agences de notation comme de piètre qualité. Du coup, devant la crise politique, les investisseurs, les institutionnels, mais aussi les résidents qui possèdent ces actifs qui sont susceptibles de perdre de la valeur, sont tentés de les vendre. 

Devant cette agitation, les milieux bancaires italiens ont toutefois appelé les marchés au calme. Mardi, ils ont souligné que les fondamentaux économiques du pays étaient solides, mais pas sûr que cela ne suffise.

Les eurosceptiques n'ont pas dit leur dernier mot

Car la crainte, en réalité, s’inscrit dans le long terme. Les investisseurs misent sur un retour en force des eurosceptiques, lors des prochaines élections. C'est ce que veut éviter à tout prix le président Sergio Mattarella. Et c'est pour cela d’ailleurs qu'il a nommé à la tête du gouvernement de transition l’économiste Carlo Cottarelli, un ancien haut responsable du Fond monétaire international. C’est un signe d’apaisement envoyé par l’Italie à la zone euro.

Mais l’accalmie pourrait n’être que temporaire. Cette décision n’est pas très bien vécue par une partie des électeurs italiens, pour qui l’appartenance à l’Union européenne n’est pas un atout, loin de là. Autant dire que l’instabilité risque de durer et, même si la Banque centrale européenne a des possibilités pour soutenir les marchés financiers italiens, le phénomène de panique affecte les pays voisins. Mardi, toutes les bourses européennes étaient affectées par la situation Italienne. Paris a terminé en nette baisse mais aussi Madrid, Londres et Francfort.

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