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Le décryptage éco. La rémunération de François-Henri Pinault atteint des records

21,8 millions d’euros au titre de l’année 2018, C’est le salaire de François-Henri Pinault, le patron du groupe de luxe Kering, il a été multiplié par huit en un an seulement. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
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François-Henri Pinault, le patron de Kering lors de la présentation des résultats financiers 2018 de son groupe de luxe, le 12 février 2019 à Paris. (ERIC PIERMONT / AFP)

Les actionnaires ont approuvé mercredi 24 avril cette rémunération lors de l’assemblée générale : ils ont voté à 78% pour le déblocage d’une rémunération de long terme basée sur la performance. La performance, ce sont les excellents résultats du groupe Kering qui se porte vraiment bien. Kering détient notamment les marques Gucci, Yves Saint-Laurent, Balenciaga. L’année dernière, les ventes ont bondi de 26%, elles ont représenté 13,5 milliards d’euros. Et le bénéfice net a totalisé 2,8 milliards d’euros.  

Cette rémunération vient récompenser une réussite

Souvent, on s’offusque des salaires exorbitants des patrons qui échouent, mais là, pour le coup, ce n’est pas le cas. Ces 21 millions correspondent à une part fixe, 1,2 million, mais aussi une part variable : 1,9 million de rémunération variable annuelle auxquelles s’ajoute, et c’est là la spécificité du montage une "rémunération variable pluriannuelle" de 18,5 millions d’euros, soumise aux conditions de performances financières du groupe. Ces 18 millions correspondent en fait au déblocage d’unités monétaires propres à Kering, les "KMU" (pour Kering Monetary Units). François-Henri Pinault a d’ores et déjà annoncé qu’il allait réinvestir dans le groupe la totalité de ces 18,5 millions d’euros. Ce qui fait après impôts et charges, grosso modo a peu près la moitié, soit neuf millions d’euros.

Une rémunération qui risque de faire polémique

Il y a des chances que cela engendre une polémique car les salaires des grands patrons font toujours tiquer en France. Avec presque 22 millions d’euros, on atteint un niveau record. À titre de comparaison, Carlos Ghosn chez Renault-Nissan qui était pourtant un des patrons français les mieux payés avait une rémunération de 15 millions d’euros par an. Carlos Tavares, le patron de PSA devrait toucher plus de 7,5 millions d'euros pour l’exercice de 2018, qui a été une très bonne année pour le constructeur auto.

Et dans le contexte "gilets jaunes", la question de la rémunération est sensible. Le sujet du pouvoir d’achat est au cœur des attentes des Français, D’ailleurs, c’est intéressant de rappeler que ce même François-Henri Pinault avait dit en novembre dernier "comprendre le mouvement des 'gilets jaunes'". Il avait alors expliqué "qu’on est déjà dans un pays où les inégalités sont fortes, et que si en plus ces inégalités augmentent sans qu’il y ait des perspectives de pouvoir progresser socialement et que votre pouvoir d'achat mécaniquement baisse, c'est insupportable !"

Le dirigeant avait d’ailleurs été parmi les premiers à annoncer le versement de la prime Macron en décembre dernier aux salariés du groupe qui gagnent moins de 2 500 euros mensuels : ils ont touché 1 000 euros. Enfin, pour la cathédrale Notre-Dame, la semaine dernière, la famille Pinault a indiqué qu’elle allait faire un don de 100 millions d’euros en renonçant à sa réduction d’impôt.  

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