Le décryptage éco. Le Conseil économique, social et environnemental va-t-il enfin servir à quelque chose ?
Emmanuel Macron a annoncé qu’il voulait réformer le Conseil économique, social et environnemental, dans son discours programme prononcé lundi devant le congrès à Versailles. Le Cese traine bon nombre de casseroles.
Dans son discours programme prononcé lundi 3 juillet devant le Congrès à Versailles, Emmanuel Macron a annoncé qu’il voulait réformer le Conseil économique, social et environnemental (Cese). Une assemblée dont l’existence est ignorée de bon nombre de Français, traîne surtout jusqu’ici bon nombre de casseroles derrière lui.
Le Cese, qui siège au palais d’Iéna, près du Trocadéro, est la troisième chambre législative de la République après le Sénat et l’Assemblée, mais son rôle n’est que consultatif. Il conseille le gouvernement et le Parlement sur l’élaboration des lois et évalue les politiques publiques. L’organisme se veut le reflet de la société civile française. Il compte 233 membres. Son président, Patrick Bernasconi est un ancien du Medef. Le Cese a, par exemple, travaillé sur la création du RMI. Mais qui le sait. Personne. Voilà pour le portrait.
L'activité du Cese est quasi confidentielle
Le Cese, pour les gouvernements, a longtemps été une usine à recaser des personnalités. La chanteuse Georgette Lemaire en a fait partie, la navigatrice Isabelle Autissier y siège. Ses 150 agents seraient aussi des privilégiés, avec des salaires élevés, de nombreuses primes et de trop longues vacances. Ses 233 membres sont nommés par des associations en tout genre, les syndicats, le patronat et des organismes professionnels, ils touchent environ 3 800 euros brut par mois, mais ces indemnités serviraient surtout au financement des syndicats.
Le président de la République veut réduire le nombre de ses membres d’un tiers, comme dans les autres assemblées, et revoir les conditions de leur nomination. Emmanuel Macron veut que le Cese "redevienne le trait d’union entre les politiques et la société civile, la grande instance consultative qui fait défaut à l’Etat" . Car jusqu’ici, le Cese coûte cher, environ 40 millions d’euros par an, mais son activité est quasi confidentielle.
Certains politiques voudraient le fusionner avec le Sénat ou, plus simplement, le voir disparaître, car d’autres organismes de conseil existent comme la Cour des comptes, France stratégie, le Commissariat à l’égalité des territoires, ou le Haut Conseil à la vie associative – certains d’entre eux sont aussi peu connus des Français.
Le renouveau du Cese est dans la droite ligne de la politique d’Emmanuel Macron : renouer avec la France profonde, avec la société civile. C’est comme vouloir améliorer les transports du quotidien, ou encore voir la Banque postale en financier des petits commerces de proximité, comme l’a évoqué le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. Rapprocher la politique du terrain, cette réforme du Cese irait dans le même sens en redonnant un rôle à cette France miniature que représente l’organisme. Jusqu’ici, on s’interrogeait : à quoi sert le Conseil économique et social ? Et la réponse figurait en gros dans le livre d’Yvan Stefanovitch : Les rentiers de l'Etat, aux éditions du Moment. Demain, le Cese pourrait donc rejouer un rôle ? L’affaire est à suivre.
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