Le décryptage éco. Le gouvernement donne un délai aux entreprises avant d'appliquer le bonus-malus
Une semaine après la présentation de la réforme de l’assurance chômage, on en sait un peu plus sur les modalités de sa mise en œuvre.Le gouvernement va faire un geste en direction des entreprises. Le décryptage éco de Fanny Guinochet ("L'Opinion").
Le gouvernement va faire un geste au sujet du bonus-malus en direction des entreprises. Ce dispositif doit décourager les entreprises d’abuser de contrats précaires, en modulant leurs cotisations chômage. Plus un employeur embauche des salariés en CDD, et plus il va payer des cotisations. A contrario, plus il prend des salariés en CDI et moins il en paie. Officiellement, ce système doit se mettre en place à partir du 1er janvier 2020 - c’est ce qu’a annoncé le gouvernement la semaine dernière - mais dans les faits, les entreprises vont gagner un an.
Car elles ne paieront réellement le malus - ou ne recevront un bonus - qu'à partir du 1er janvier 2021. Le gouvernement tient à leur laisser du temps pour changer de comportement. Cette année de décalage doit aussi éviter une bronca du patronat : le dispositif de bonus-malus, les entreprises n’en voulent pas.
Les secteurs économiques concernés
Le gouvernement a finalement décidé de ne pas appliquer ce système à toute l’économie mais de le concentrer sur les sept filières qui ont le plus recours à des CDD, et notamment des CDD courts comme l’alimentation, l’hôtellerie, la restauration, ou le transport. Le bâtiment, la construction ou encore l’audiovisuel passent au travers des mailles du filet. Selon les calculs de Pôle emploi, ce bonus-malus pour les sept secteurs concernés devrait toucher près de 46 000 entreprises de plus de onze salariés. Les entreprises de moins de dix salariés ne sont pas concernées, quelle que que soit leur filière d’activité.
Les entreprises gagnent un an
Pour les petites entreprises, la réforme de l’assurance chômage, c’est tout de suite ou presque. La plupart des mesures qui visent à changer leurs règles d’indemnisation entreront en application dès la fin de cette d’année.
Que ce soit la nécessité de travailler six mois au lieu de quatre aujourd’hui pour avoir droit à une indemnité chômage, ou encore le durcissement des conditions d’indemnisation des cadres, tout cela sera effectif dès le 1er novembre 2019. C’est ce "deux poids, deux mesures" entre les contraintes appliquées aux entreprises et celles qui sont demandées aux demandeurs d’emploi que dénoncent d’ailleurs les syndicats, qui jugent cette réforme très injuste.
Mais les syndicats n’arrivent pas à mobiliser
Mercredi 26 juin, la CGT a réuni à peine quelques centaines de personnes, sans grand succès. La veille, c’était la CFDT et le syndicat des cadres qui se mobilisaient devant le ministère du Travail, mais là encore ce n’était pas très suivi. On est loin d’un grand soir. Les Français ne sont pas prêts à descendre dans la rue contre la réforme du chômage.
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