Le décryptage éco. Le gouvernement va durcir les règles de l'assurance chômage
Annoncée pour le printemps, la réforme avait été retardée pour cause d'élections européennes. Le décryptage de fanny Guinochet ("L'Opinion").
L’Insee vient de publier les chiffres de l’emploi salarié pour le premier trimestre : 92 800 créations nettes de postes. On pouvait s’attendre à de bons résultats car les prévisions d’embauche de Pôle emploi publiées en avril n’avaient jamais été aussi hautes depuis 10 ans. Les entreprises françaises disaient avoir l’intention de recruter un nombre record de candidats cette année. Mais 93 000, c'est un très bon score. Pour rappel, l’année dernière, il y avait eu 170 00 créations nettes d’emploi dans le secteur privé et en 2017, 330 000.
De quoi certainement encourager le gouvernement à déployer la réforme de l’assurance chômage. Dans les ministères, on explique qu’il vaut mieux faire une réforme quand le chômage baisse. Et actuellement, les chefs d’entreprises n’arrêtent pas de dire qu’ils ont du mal à recruter, qu’ils ont des commandes mais pas assez de main-d’œuvre.
Allongement des cotisations et dégressivité des allocations
Les contours précis de la réforme assurance chômage doivent être présentés lundi 17 juin mais Edouard Philippe en parlera dans son discours de politique générale, mardi 12 juin. Il devrait expliquer que cette réforme vise surtout à mieux accompagner les chômeurs pour les aider à retrouver un emploi. Mais il faut surtout s’attendre à des règles beaucoup plus strictes en matière d’indemnités chômage En février, Edouard Philippe avait par exemple pointé le fait qu’un chômeur sur cinq est susceptible de gagner plus au chômage que ce qu’il gagnait en moyenne en travaillant.
Il est quasiment acquis que pour prétendre à des allocations chômage, il va falloir travailler plus, et donc cotiser plus. Aujourd’hui, pour faire simple, à partir de quatre mois de travail, vous pouvez prétendre à des droits au chômage. Demain, vous devrez travailler deux mois de plus, c’est à dire six mois. Autre changement : la mise en place d’une dégressivité des allocations chômage pour les plus hauts revenus, c’est à dire les cadres. À partir du septième mois au chômage, leur montant d’allocation diminuera. Le gouvernement prépare tout un ensemble de dispositions de ce type.
Les entreprises seront elles aussi concernées, essentiellement celles qui abusent des contrats courts, qui embauchent du personnel sur des CDD d’un mois ou moins, et qui souvent réembauchent d’ailleurs la même personne. Cette alternance de périodes d’activité et de période de chômage coûte cher à l’assurance chômage, car ça concerne plus de 1,5 million de chômeurs. Emmanuel Macron a promis dès 2017 d’appliquer un bonus malus sur les cotisations des entreprises. Celles qui embauchent en CDI paient moins de cotisations, celles qui usent des CDD très courts voient leurs cotisations grimper. Le gouvernement va donc mettre en place ce bonus malus mais il devrait cependant le limiter à quelques secteurs comme l’hôtellerie la restauration, la communication, l’évènementiel, pour ne pas mettre à mal la politique "pro-business" de Macron.
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