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Le décryptage éco. Le patron de Boeing torpillé par la crise du 737 MAX

Démission retentissante du patron de Boeing, affaibli par la crise du 737 MAX, son avion vedette. Cette crise est la plus grave de l’histoire de l’avionneur américain qui connaît là un nouveau rebondissement.

Article rédigé par franceinfo - Vincent Touraine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Dennis Muilenburg, patron de Boeing démissionaire. (WIN MCNAMEE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Le patron de Boeing depuis 2015, Dennis Muilenburg, a annoncé sa démission lundi 23 décembre 2019. Ses jours à la tête du groupe étaient comptés depuis les crashs polémiques de deux de ses 737 MAX en octobre 2018 et mars 2019, faisant au total 346 morts. Dans les deux cas, c’est le logiciel de l’avion qui est pointé du doigt, et depuis plus de neuf mois maintenant, tous les 737 MAX dans le monde sont cloués au sol.

Le 737 MAX est aujourd'hui invendable

Dennis Muilenburg pensait que le 737 MAX serait rapidement autorisé à reprendre les airs. Résultat, la production de l’appareil a continué comme si de rien n’était. Mais devant l’ampleur du scandale et les nombreux dysfonctionnements révélés par les différentes enquêtes, Boeing a dû se résigner à arrêter la production de cet avion à compter de janvier 2020. Une annonce faite la semaine dernière, signant l’échec de la stratégie de Dennis Muilenburg.

Selon les analystes de JP Morgan, cette crise coûte à Boeing quelque 2 milliards de dollars par mois. L’avionneur doit gérer un stock de 400 appareils, invendables tant que les autorités ne donnent pas leur feu vert à la reprise des vols. Boeing a dû supporter le coût de fabrication de ces avions, que les compagnies clientes n’ont pas complètement payé, et doit financer leur immobilisation sur d’immenses parkings en Caroline du Sud et en Californie. L’arrêt de la production devrait réduire la note de moitié, mais la trésorerie de Boeing a déjà fondu comme neige au soleil depuis le début de la crise, et c’est maintenant sa dette qui s’alourdit.

Des dégâts collatéraux

Il y a déjà les compagnies clientes qui, elles-mêmes, ont dû immobiliser les avions qu’elles exploitaient, et puis les fournisseurs de Boeing, notamment Safran, qui fournit avec General Electric les réacteurs de l’appareil. L'entreprise française est particulièrement exposée puisque cette crise lui coûte 300 millions d’euros de trésorerie chaque trimestre. Sans compter toute la chaîne des équipementiers, eux même dépendants du motoriste, dont certains envisagent du chômage technique.

Cette demission est un premier pas vers un retour de la confiance vis-à-vis des régulateurs et des compagnies aériennes. Restaurer une image, après un tel choc, cela prend du temps. Mais la Bourse, elle, est déjà convaincue, pour preuve le bond de 2,9% de l’action Boeing lundi 23 décembre à Wall Street.

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