Le décryptage éco. Le site Michelin de La Roche-sur-Yon menacé
Michelin est dans la tourmente. En Allemagne, le groupe de pneumatiques va fermer une usine et en France, il y a aussi des inquiétudes. Le décryptage de Fanny Guinochet, ("L'Opinion").
Le célèbre Bibendum n’a plus le sourire. Outre-Rhin, d’ici deux ans, le groupe va se séparer d’une usine de 850 salariés. Et dans le même temps, en France, le président de Michelin, Florent Menegaux, a aussi assuré que le site de La Roche-sur-Yon en Vendée était dans une situation très préoccupante : 650 salariés y travaillent et les difficultés ne sont pas nouvelles.
Il y a quelques semaines, d’ailleurs, les syndicats avaient exprimé leurs craintes. Et la direction avait botté en touche. Mais aujourd’hui, ils ont la triste confirmation que leur site est bel et bien sur la sellette. Ils sont d’autant plus amers qu’il y a trois ans, ils avaient passé un "pacte" avec la direction : en échange d’efforts, comme de travailler le week-end, Michelin s'engageait à investir et à garantir l’avenir de la production. Mais l’année dernière, le pacte avait été rompu, la compétitivité de l’usine était jugée insuffisante.
Michelin face à la concurrence chinoise
Le groupe Michelin prend de plein fouet la concurrence chinoise dans un marché global du pneumatique qui a beaucoup chuté ces dernières années. Entre 2012 et 2018, la part de marché des pneus chinois en Europe est passée de 5 à 30% . L’usine de La Roche-sur-Yon, par exemple, qui produit des pneus de poids lourds haut de gamme, n’arrive plus à rivaliser avec les produits asiatiques à bas prix. La Roche-sur-Yon est aujourd’hui en surcapacité, en surproduction. Et c’est la même chose en Allemagne, même si le site est plus orienté sur les véhicules de tourisme.
On comprend que dans ce contexte, les salariés soient inquiets. Pour l’instant, le groupe essaie de les rassurer. IIl y a un an, c’était en Ecosse que Michelin avait arrêté sa production, mettant plus de 800 employés au chômage. En fait, en Europe de l’Ouest, depuis 2009, une dizaine d’usines ont été rayées de la carte. Rien qu’en France, en 10 ans, Michelin a supprimé 5 500 postes. Dans l’hexagone, la marque emploie encore 20 000 personnes. Mais Florent Menegaux, le PDG, pose clairement la question de la compétitivité des 15 usines qui restent. Pour cela, il a lancé un vaste travail d’audit en lien avec les syndicats.
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