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Le décryptage éco. Plan pauvreté : le gouvernement pourrait réformer le RSA

Le gouvernement dévoilera son plan de lutte contre la pauvreté dans quelques jours, les modalités d'attribution du RSA pourraît être modifiées. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet (L'Opinion)
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Publié
Temps de lecture : 3 min
Le RSA pourrait être intégré au sein d'un dispositif plus global: Le revenu universel d'activité (JEAN FRANÇOIS FREY / MAXPPP)

Le gouvernement a enfin donné une date pour le plan pauvreté, il devrait être dévoilé le 13 septembre prochain. Pour nourrir sa réflexion, le Premier ministre vient de recevoir deux rapports, soit presque une centaine de propositions. Parmi elles, il y a l’idée de rendre l’accès au revenu de solidarité active (RSA) automatique, sans avoir besoin de le demander et sans avoir besoin de faire un dossier avec des justificatifs, comme c'est le cas aujourd'hui. En fonction de certains critères, le versement du RSA serait automatique. Cela éviterait les non-recours : en 2016, 40% des ménages éligibles n’en ont pas fait la demande du fait de la complexité administrative, mais aussi par honte, selon le Secours catholique.

Si tous les bénéficiaires le demandent, on peut se demander si cela risque de coûter plus cher au gouvernement. Pas sûr. On compte presque deux millions de ménages, soit près de 3,5 millions des personnes, qui bénéficient du RSA, environ 10 milliards d'euros sont ainsi versés. Le gouvernement a fait le calcul : si on prend mieux en charge les plus fragiles, plus tôt lorsqu'ils sont en situation de fragilité, ils resteront moins longtemps dans ces dispositifs et ils coûteront donc moins cher à la puissance publique.

Un conseiller pour chaque bénéficiaire

Aujourd’hui, six mois après une demande de RSA, 40% des bénéficiaires n’ont toujours pas été orientés vers un accompagnement. Au bout de deux ans, ils sont encore 13% à être totalement livrés à eux-mêmes. L’idée est donc de renforcer cet accompagnement. Parmi les propositions, il y a la mise en place d’un référent unique de proximité, un peu comme le médecin traitant, qui aiguille et qui aide la personne dans toutes ses démarches, pour passer le permis de conduire, pour se faire soigner, ou encore pour trouver un travail. Il y a aujourd'hui beaucoup trop de professionnels qui ne se coordonnent pas assez.

Si le versement des aides sociales promet d’être facilité, il pourrait être conditionné à un contrat d’engagement dans lequel la personne s’engage à faire le nécessaire pour s’insérer. Il y aura plus de contrôles aussi.

Toutes les aides bientôt concernées ?

Le problème du RSA aujourd'hui est que les allocataires ont du mal à en sortir.En moyenne, un an après être entrés dans le dispositif, à peine 9% ont retrouvé un job. D’où la volonté du gouvernement de le re-fonder totalement, et même de revoir tout le système d'aides. Il va passer en revue le millefeuille d’aides qui sont calculées par différents organismes, pas forcément sur les mêmes bases et pas versées au même moment. Le Premier ministre Edouard Philippe a d’ailleurs d'ores et déjà annoncé qu'un versement social unique des différentes prestations serait mis en place en 2019 ou 2020. Elles seront versées en fonction des revenus du moment, comme cela va être le cas dès le mois d'avril pour les allocations personnalisées au logement (APL). Cela pourrait être un préalable à la mise en place d’une allocation sociale unique.

Selon les rapports, une réforme importante du système pourrait permettre d’économiser plus d’un milliard d’euros sur la cinquantaine de milliards que la France consacre chaque année pour lutter contre la pauvreté. On en saura plus le 13 septembre. C’est Emmanuel Macron lui-même qui présentera les mesures. Dans notre pays, la pauvreté frappe plus de 13% des Français et 19% des moins de 18 ans.

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