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Le décryptage éco. Pourquoi Aigle Azur intéresse Air France

La compagnie aérienne française Aigle Azur est en redressement judiciaire. Les repreneurs potentiels présentent lundi 9 septembre leur offre de rachat. Air France devrait faire une proposition. Pourquoi cela intéresse la compagnie tricolore ?

Le décryptage éco de Fanny Guinochet ("L'Opinion")

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Un avion de la compagnie Aigle Azur, le 4 août 2017. (VINCENT VOEGTLIN / MAXPPP)

Ce qui intéresse au premier chef Air France, c’est de récupérer les 10 000 créneaux d’Aigle Azur à Orly. Ces créneaux horaires, que l’on appelle les "slots", sont un bien précieux, rare, dans le ciel aérien : Orly est un aéroport tout proche de Paris, dont le nombre de rotations est limité. Dans un marché très tendu comme l’est le monde aérien actuellement, ça ne se laisse pas passer. Sinon c’est un concurrent qui mettra la main dessus.  

Et puis, Aigle Azur a fait faillite, certes, mais c’est surtout à cause d’une mauvaise gestion des actionnaires. N’oublions pas que c’est la deuxième compagnie française : elle transporte deux millions de passagers par an et elle assure notamment des liaisons très demandées par les Français : l’Algérie ou le Liban, entre autres. Sa clientèle est captive et ses liaisons sont rentables. 

Vers une reprise partielle

Aigle Azur ce sont 1 150 salariés aujourd’hui sur le carreau. Et Air France – qui a déjà fort à faire avec ses 40 000 salariés – n’a pas forcément envie de récupérer l’ensemble des équipes. Certes, le groupe tricolore a besoin de personnel pour son développement mais l’intégration des salariés d'Aigle Azur posera des problèmes de statuts, de contrats en interne. Par exemple, les pilotes d’Air France ne voient pas forcément d’un très bon œil des pilotes d’Aigle Azur arriver. Ils risqueraient de leur faire concurrence en terme d’ancienneté notamment. La situation est délicate. Ben Smith, le PDG d’Air France, devra faire preuve de diplomatie pour ne pas braquer ses pilotes.

Le risque, pour Aigle Azur, c’est donc une reprise partielleune vente à la découpe. L’Etat français veille au grain pour que le maximum de salariés soient repris par Air France si la compagnie fait une offre, les syndicats d'Aigle Azur aussi, mais c’est loin d’être gagné. Surtout qu’Air France n’a aucun intérêt aussi à s’alourdir avec la dette d’Aigle Azur qui avoisine les 80 millions d’euros.

Est-ce qu’à part Air France, il y aurait d’autres repreneurs ?

Il y a du monde sur les rangs oui : on parle de Vueling, d’Air Caraïbes... Il y a aussi Lionel Guérin, ex-PDG de Hop, une filiale d’Air France qui pourrait faire une offre. On devrait être fixés ce lundi. En attendant, les passagers en sont pour leur frais.

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