Le décryptage éco. Réduire le chômage tout en faisant des économies : le casse-tête de la négociation sur l'assurance chômage
Les syndicats et le patronat se retrouvent vendredi pour donner le coup d’envoi à la négociation assurance chômage, et on ne peut pas dire qu’ils soient très enthousiastes. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").
Les négociations autour de l'assurance chômage débutent vendredi 9 novembre entre syndicats et patronat, et ils ne rentrent pas dans cette négociation avec beaucoup d’allant, se disant qu’il n’y a que des coups à prendre !
Il faut rappeler qu’ils ont déjà négocié, non sans peine sur le sujet, il y a à peine un an, et que c’est Emmanuel Macron qui les a invités à ouvrir cette discussion. En plus dans des délais très courts, puisqu’ils ont jusqu’à mi-janvier pour tenter de trouver un compromis. L’objectif du président est qu’ils participent à réformer le système pour réduire le chômage, mais aussi faire des économies. L’Unédic, le régime qui gère l’assurance chômage, affiche une dette de plus de 35 milliards d’euros
3 milliards d’économie sur trois ans
Le gouvernement demande aux partenaires de trouver de l'argent. Entre 3 et 4 milliards d’euros sur 3 ans, ce qui revient à trouver plus d’un milliard par an, soit une année de recettes ! Autant dire que pour le patronat comme pour les syndicats, l’exercice n’est pas facile. Cela signifie revoir les règles d’indemnisations des chômeurs, leurs droits, leurs obligations…
Plusieurs pistes sont sur la table, comme la dégressivité des allocations chômage, mais les syndicats sont unanimement contre. Il y a aussi le renforcement du contrôle des chômeurs, ou encore mettre plus de contraintes sur les employeurs qui utilisent l’assurance chômage pour faire de la flexibilité dans leurs effectifs.
Un bonus-malus sur les contrats courts ?
Faudrait-il alors moduler les cotisations chômage des employeurs selon la durée des contrats signés? Le principe : une entreprise qui embauche des salariés dans des contrats pérennes paiera moins, et à contrario, paiera plus si elle fait surtout des contrats courts, des CDD.
Ce bonus-malus sera au menu de la négociation, mais pas tout de suite, car c’est un sujet de crispation. Les partenaires sociaux ont choisi d’en parler plutôt en janvier. Ce bonus-malus, c’est la bête noire du patronat. Dans cette négociation, les chefs d’entreprise vont tout faire pour éviter la mise en place de ce dispositif. Les syndicats, eux, ne voudront pas que les droits des chômeurs soient réduits si les patrons ne mettent pas la main à la poche.
Une promesse présidentielle
Pendant sa campagne, Emmanuel Macron a promis de mettre en place ce système, mais on voit bien ses hésitations, surtout à un moment où la croissance ramollit. La mise en pratique d’un tel dispositif n’est pas simple : il faut construire un système adapté et pas une usine à gaz. Et puis, le patronat martèle que cela ne sera pas efficace, car il y a des secteurs comme l’évènementiel, l’hôtellerie-restauration qui ont structurellement besoin de recourir à des contrats courts. Et cela risquerait de freiner l’activité économique et pourrait détruire des emplois.
D’où les idées du patronat de regarder d’autres leviers comme la création d’un contrat avec un socle unique, pour éviter les ruptures trop grandes entre CDD et CDI. Mais ce n’est pas encore très précis. Pour l’instant, le gouvernement botte en touche et laisse la main aux partenaires sociaux.
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