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Le décryptage éco. Ruptures de stocks et pénuries de matériaux vont-ils freiner la reprise ?

Pour la troisième semaine consécutive, à Sochaux, dans le Doubs l’usine Stellantis, l’ex PSA , arrête la fabrication de sa Peugeot 308. La faute à la pénurie mondiale de semi-conducteurs. Le décryptage de Fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une chaîne de montage dans une usine Peugeot à Montbéliard (Doubs). Photo d'illustration. (LIONEL VADAM / MAXPPP)

À Sochaux, il manque notamment une pièce d’alimentation du tableau de bord spécifique à la Peugeot 308. Les lignes de production sont à l’arrêt, et près de 700 salariés en chômage partiel, en formation, envoyés dans les usines voisines. Selon le groupe, trois semaines d’arrêt, c’est 6 000 voitures qui ne peuvent être pas fabriquées sur le site, soit une sacrée perte. 

Ce manque de pièces, tous les constructeurs y sont confrontés. Il s’explique par une demande mondiale très forte, ces derniers mois, de composants électroniques, mais aussi d’acier, d’aluminium, de microprocesseurs, de cuivre, etc. La généralisation du télétravail et les confinements ont entraîné des besoins accrus d’ordinateurs, de téléphones portables, de tablettes, de consoles de jeux, qui utilisent ces matériaux. Et les fournisseurs, dont la plupart sont en Asie, n’arrivent pas à suivre. Sans compter qu'il y a eu le blocage du canal de Suez, un tremblement de terre au Japon et des aléas météo. Résultat : avec l’activité qui redémarre un peu partout, très vite, les tensions sont de plus en plus fortes. 

De nombreux autres secteurs sont pénalisés, C’est le cas par exemple de la production de vélos électriques, qui utilise aussi ce type de matériaux. Mêmes difficultés pour l’électroménager, il faut être patients si vous commandez un lave-linge. On risque de manquer de micro-ondes, de cafetières, etc. Les confinements ont entraîné de nouveaux usages, avec là aussi des problèmes d’approvisionnement :  par exemple, à cause de la vente à emporter qui explose un peu partout, les usines Heinz de ketchup aux USA n’arrivent plus à fournir assez de dosettes individuelles. Pareil pour les meubles, la déco, le bricolage, on manque de bois, de carton ondulé, de pâte à papier, de coton… Les enseignes n’arrivent pas à honorer les commandes. Faute de stocks, les chantiers prennent du retard.  

La reprise risque de tarder

En plus des délais qui s’allongent, les prix flambent : 40% de plus pour les puces électroniques, +13% sur le ketchup. De quoi amputer les marges des entreprises, qui répercutent en partie ces augmentations sur leurs clients. Ces ruptures de stocks devraient connaître un pic dans les semaines qui viennent.

La menace sur l’économie et les emplois est telle qu’aux États-Unis, la Maison Blanche organise une réunion de crise, lundi 12 avril, avec une vingtaine de grands groupes comme Google, General Motors, Intel pour tenter de trouver des solutions. En Europe aussi Bruxelles tente de s’organiser, promet de rapatrier des industries pour réduire notre dépendance vis-à-vis de l’étranger. Mais il va falloir des années...

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