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Le décryptage éco. SNCF : le gouvernement évoque le recours aux ordonnances, les syndicats durcissent le ton

La tension monte à la SNCF. La possibilité de recourir aux ordonnances plane pour réformer l'entreprise publique. Les syndicats menacent d'une grève reconductible.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un cheminot grèviste. (JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP)

Les syndicats de la SNCF se sont réunis jeudi 22 février. L’idée de voir le gouvernement réformer l'entreprise publique via des ordonnances a fait monter la tension d’un cran. Chez les syndicats, le rapport Spinetta avait déjà suscité la levée de boucliers, mais jeudi 22 février, à l’intersyndicale, le ton a été encore plus ferme. Si le gouvernement envisage de recourir aux ordonnances pour réformer le ferroviaire, il va y avoir du grabuge. Même la centrale réformiste, plutôt modérée, comme la CFDT qui se disait ouverte au dialogue, voit dans les ordonnances une provocation. Elle a proposé jeudi 22 février le dépôt d’un préavis de grève reconductible. Jusqu’à présent, la CGT des cheminots et Sud Rail avait appelé à une mobilisation le 22 mars, en même temps que les fonctionnaires, mais on ne parlait pas de grève. Tous les syndicats vont envoyer au Premier ministre une mise en garde vendredi 23 février.

La menace des ordonnances

Attention, pour l’instant, l’option n’a pas été confirmée. Mais Christophe Castaner évoque l’hypothèse de manière très sérieuse. Lundi, nous serons vraiment fixés puisqu’Edouard Philippe doit annoncer la méthode et le calendrier. L’avantage des ordonnances, pour le gouvernement, c’est que ça lui permet de prendre de cours les organisations, ça va vite, ça permet de faire passer le texte avant l’été. Et quitte à avoir un conflit social, autant avoir une guerre éclair qui dure moins longtemps à une guerre d’usure. Et ce avec une opinion publique qui risquerait d’en avoir marre des trains bloqués et demande au gouvernement de lâcher.

Contourner le débat parlementaire 

Avec les ordonnances, l’exécutif est sûr d’avoir complètement la main sur le texte et évite le passage au Parlement où le lobbying peut s’exercer. La SNCF, mais aussi les syndicats, peuvent avoir des députés amis, des relais chez les parlementaires qui vont infléchir le texte. Mais le gouvernement ne pourra pas tout mettre dans les ordonnances. Par exemple, la question des petites lignes à garder ou à supprimer, qui est un sujet de tensions avec les élus locaux, ne pourra pas y figurer. Il est même probable que dans un premier temps, ce point de la réforme soit mis sous le tapis.

Une stratégie risquée

La SNCF est déjà, par essence, difficile à réformer socialement. Le problème risque désormais de prendre une tournure politique. On l’a déjà vu jeudi, quand Gérard Larcher, le président du Sénat a évoqué un déni de démocratie. L’opposition va se saisir de l’occasion pour faire valoir le manque de concertation d’Emmanuel Macron. Lundi, le Premier ministre devrait annoncer des ateliers, une consultation avec les parties prenantes. Mais il n’empêche, l’executif joue gros. Le 22 mars, la France risque d’être bien paralysée.

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