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Le Financial Times devient japonais

Le groupe de presse japonais Nikkeï rachète le Financial Times, le quotidien britannique des affaires, pour 1 milliard 200 millions d’euros. Un véritable coup de tonnerre dans un secteur en difficultés.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (© Radio France / Christophe Abramowitz)

 C’est le groupe britannique Pearson qui abandonne son bébé jalousement élevé depuis près de 60 ans. On savait le FT sur le point d’être vendu, et les rumeurs les plus folles ont couru jusqu’à la dernière minute autour d’acquéreurs potentiels comme l’éditeur allemand Axel Springer ou les deux leaders mondiaux de l’information financière Thomson-Reuters et Bloomberg. Ca sera finalement le japonais.

C’est du jamais vu dans la presse éco

On est bien loin des autres opérations du même genre comme le rachat fin 2013 du prestigieux quotidien américain Washington Post par le fondateur du site internet Amazon, Jeff Bezos, pour 250 millions de dollars… bien plus encore que la revente en 2007, déjà par Pearson, du quotidien Les Echos au groupe de luxe français LVMH, qui en est toujours le propriétaire.

A quelle stratégie correspond cette opération de rachat du FT par les japonais ?

Il y la stratégie du vendeur, et celle de l’acheteur.

Le vendeur Pearson veut se recentrer sur son métier de base – les éditions pédagogiques numériques –, de renforcer sa présence aux Etats-Unis et d'investir dans les pays émergents. 

Quant à l’acquéreur – le groupe japonais Nikkeï qui édite le quotidien du même nom (le Nihon Keizaï Shimbun) –, il met la main sur le deuxième journal le plus lu en Europe derrière le tabloïd allemand Bild.

Le Financial Times, ce sont près de 740.000 abonnés (2 millions de lecteurs par jour), dont 70% en numérique… une mine d’or pour le japonais qui va pouvoir ainsi étendre son influence jusqu'en Europe et élargir son empire sur l'Asie Pacifique.

Ce rachat par un groupe japonais peut-il influencer la ligne Ă©ditoriale du quotidien britannique ?

L’analyse ultra libérale de l’économie va demeurer. C’est la même école. Les articles écrits par les 600 journalistes du Financial Times sont suivis de très près par les responsables politiques et décideurs du monde entier, bien au-delà des seuls milieux d’affaires.

Idem pour le Nihon Keizai Shimbun. Vieux de 140 ans, le journal publie deux éditions par jour (une le matin et une autre le soir), y compris les dimanches et jours fériés, en cumulant quotidiennement plus de 4 millions de lecteurs.

Ce spécialiste des scoops économiques s’ouvre de plus en plus au lectorat féminin et recrute ses jeunes lecteurs de plus en plus tôt en simplifiant les articles traités. Un moyen de lutter contre la crise de la presse écrite et du marché de la publicité qui frappe, aussi, les plus grands.

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