Le Népal va-t-il s'en sortir grâce au tourisme ?
A vrai dire, pas beaucoup. Et c’est un paradoxe, pour ce petit pays de 28 millions d’habitants, niché entre deux géants économiques en plein développement, que sont l’Inde et la Chine. Si l’on regarde sa situation aujourd’hui, dans les classements internationaux, le Népal figure parmi les pays les plus pauvres de la planète. Dans le dernier rapport du FMI, le Népal affichait un PIB par habitant de seulement 698 dollars en 2014. Il est au 168ème rang des 184 pays recensés. Si on regarde un autre indicateur, celui du Développement humain des Nations Unies, fondé notamment sur des critères éducatifs, ce n’est guère mieux, le Népal se situe là encore dans la dernière catégorie, au 145ème rang. Enfin, dans le classement des investissements internationaux, on voit que c’est un pays qui est resté complètement à l’écart des grands flux d’investissements qui ont parcouru l’Asie ces dix dernières années. On n’explique pas autrement le fait qu’un millier de Népalais quittent chaque leur pays et que 6 à 8 millions d’entre eux vivent désormais à l’étranger.
Pourquoi ce petit pays est-il resté aussi à l’écart des effets de la mondialisation dont ont pourtant profité tous ses voisins ?
Pour des raisons à la fois géographiques, historiques et politiques.
Le Népal, c’est d’abord une géographie, avec une variété de paysages somptueux, mais huit des dix montagnes les plus hautes du monde, dont l’Everest qui marque la frontière avec le Tibet. Pas facile dans de telles conditions plutôt hostiles d’installer une industrie et une économie viables. La deuxième raison est historique, le Népal a été balloté entre l’Inde et la Chine qui se le disputèrent au fil des siècles, et l’ont souvent étouffé, sans compter l’intermède britannique. Le Népal a eu enfin une politique extrêmement agitée, entre guerre civile et guerrilla maoïste. En 2008, la monarchie a été abolie, remplacée par une République, mais l’instabilité politique reste chronique dans un pays qui compte une soixantaine d’ethnies et de castes différentes.
Malgré tout, le Népal a quelques atouts
Deux atouts, et pas un de plus. Le premier, c’est le tourisme, dans ce pays qui fut jusqu’en 1950, un royaume interdit aux étrangers. Katmandu avait fait le bonheur des hippy dans les années 70, il fait aujourd’hui celui des amateurs de trekking, d’alpinisme, de VTT, de safaris ou de rafting. Le deuxième atout, c’est l’exceptionnel potentiel hydroélectrique, il y a plusieurs grands projets, même s’il manque encore de financement. Le tourisme et l’électricité, voilà donc deux domaines décisifs où la communauté internationale, après le soutien humanitaire d’urgence, pourrait donner toute sa mesure. C’est tout un pays qui est à recontruire aujourd’hui. L’Inde et la Chine pourraient y prendre toute leur part, à la condition qu’ils s’abstiennent de toute velléité impérialiste.
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