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Le rapprochement Areva et EDF : opération coûteuse

C'est donc désormais officiel : le groupe Areva et EDF vont se rapprocher. EDF va prendre entre 51 et 75% de l'activité réacteur nucléaire d'Areva qui en gardera 25%. Les bases du nouvel ensemble sont jetées mais, finalement, tout reste à faire.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (© Radio France / Christophe Abramowitz)

De longs mois vont être nécessaires pour régler de nombreux points. Ce rapprochement est censé sauver Areva et renforcer la filière nucléaire française. Sur le fond, la période qui s'ouvre s'annonce complexe et l'opération très coûteuse.

L'avenir, c'est un nouveau venu qui le prendrait en charge aux côtés du binôme qui pilote aujourd'hui AREVA (le Directeur général Philippe KNOCHE et Philippe VARIN, le président du Conseil d'administration). Selon certaines sources, il s'agirait de Bernard Fontana, un ex Arcelor-Mittal.

Outre les questions de l'emploi – peut-être 6000 suppressions de postes dont 3 à 4.000 en France –, il va falloir régler la question de la recapitalisation par l'Etat.

C'est l'un des points cruciaux. A quelle hauteur l'actionnaire public des deux entreprises va-t-il mettre au pot, sachant qu'Areva est aujourd'hui endetté à hauteur de près de 7 milliards d'euros (un peu moins si l'on prend en compte la trésorerie disponible). Pour la recapitalisation, où l'Etat va-t-il aller chercher l'argent ? Le contribuable va-t-il être sollicité ? L'Etat va-t-il vendre certaines de ses participations dans d'autres entreprises (ce patrimoine s'élève encore à 83 milliards d'euros... ce qui laisse une belle marge de manœuvre). 

Et puis cet actionnaire sera-t-il plus interventionniste qu'il ne le fut jusqu'à présent, notamment sous Nicolas Sarkozy ? On se souvient des mauvaises relations entre les deux anciens patrons (Anne Lauvergeon chez Areva et Henri Proglio chez EDF). La mésentente avait pesé sur les décisions stratégiques.

L'avenir du nouvel ensemble sera aussi très dépendant de la filière nucléaire en tant que telle

Outre les problèmes rencontrés par l'EPR (le réacteur nouvelle génération) à Flamanville et en Finlande, il y a le contexte international de moins en moins porteur depuis 2010. 390 réacteurs sont toujours en activité dans le monde et, en matière de maintenance, l'image d'AREVA est très bonne. C'est un atout.

Il faut construire "l'équipe de France du nucléaire" comme on l'a toujours imaginée sans jamais la mettre en place. Le marché mondial est estimé aujourd'hui à 60 nouvelles centrales, dont pratiquement la moitié en Chine.

La Chine, qui pourrait être un acteur à part entière dans ce dossier ?

Pékin au coin du bois. La Chine interviendra-t-elle d'une manière ou d'une autre pour permettre à Areva de sortir de l'ornière ? Il faut garder à l'esprit que l'actuel président du Conseil d'administration d'Areva, Philippe Varin, a négocié avec le chinois Dongfeng le plan de sauvetage de PSA Peugeot Citroën. Autant dire qu'il connaît son affaire.

Donc plein de questions restent en suspens. Les discussions s'annoncent ardues mais on désormais à la tête d'Areva et d'EDF des hommes qui s'entendent et se parlent… une autre pièce maîtresse du dossier.

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