Le Smic pour les chauffeurs routiers étrangers imposé par Emmanuel Macron
Pendant ces trois semaines de débat, on a beaucoup plus parlé du travail du dimanche ou des professions réglementés ( notaires, taxis, etc…) mais à y regarder de plus près, le texte réserve quelques savoureuses surprises, tel cet amendement proposé à la dernière minute par le gouvernement et adopté par les députés présents dans l’hémicycle dans la nuit de samedi à dimanche. Surprise de taille au point que même la CGT parle de "révolution" !
Un amendement qui prévoit que les routiers étrangers passent sous statut de "travailleurs détachés"
Actuellement, la pratique dite du ‘’cabotage’’ permet à un transporteur étranger de charger et décharger ses camions sur le sol français dans une limite de sept jours, en s’affranchissant de nos règles sociales.
Autrement dit, des chauffeurs originaires des pays de l’Est peuvent conduire sur les routes de l'hexagone en étant rémunérés aux conditions sociales de leurs pays d’origine, ce qui représente évidemment une concurrence déloyale pour les transporteurs français.
L’amendement en question prévoit que les routiers étrangers passent désormais sous statut de ‘’travailleurs détachés’’ qui impose, entre autres, un Smic horaire 9 euros 60 bruts.
C’est un vieux débat… le problème est-il vraiment réglé sur le fond ?
Non.
1- l’amendement doit encore passer l’épreuve de la navette parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Sénat.
2- Pour l’instant on parle du Smic… la mesure va-t-elle concerner aussi les congés pays ?
3- Rien n'est réglé au niveau européen. Mais cela participe surtout d’une nécessaire moralisation. En effet, certains transporteurs français possèdent une adresse dans des pays de l’Est et utilisent leurs camions immatriculés à l’étranger pour travailler dans l’hexagone en profitant du système. Sans compter avec ces chauffeurs hongrois ou polonais qui arrivent chaque matin par autocars entiers aux abords du Tunnel sous la Manche, pour être embauchés ''au cul du bus'' par de grandes enseignes du transport tricolore avant de traverser la France pour des salaires de misère.
Emmanuel Macron vient de faire avancer un dossier auquel de nombreux ministres s’étaient attaqués avant lui, sans faire bouger les lignes, ou si peu.
Quelques touches iconoclastes dans un texte accusé d’ultra-libéralisme par beaucoup à gauche, et vilipendé par la droite qui le juge trop faiblard pour relancer l'économie. Certains y verront une grande habileté politique de la part du jeune ministre !
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