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Mouvement social : l'inflation va-t-elle tuer la contestation ?

Les "gilets jaunes" appellent à manifester à Paris samedi 7 janvier. Les syndicats se préparent contre la réforme des retraites. Mais les Français vont-ils se mobiliser ? Le décryptage de Fanny Guinochet.
Article rédigé par Fanny Guinochet - Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Manifestation des "gilets jaunes" place de l'Étoile à Paris le 1er décembre 2018. (ALAIN JOCARD / AFP)

Ce n’est pas la première fois que les "gilets jaunes" tentent de relancer la mobilisation, mais ça ne prend pas. Le mouvement est très éclaté. Cette fois, pourtant, les organisateurs comptent sur le contexte d’inflation, les multiples recours du gouvernement au 49.3, les réformes de l’assurance-chômage et des retraites pour mobiliser, mais justement, le mot d’ordre est un peu un fourre-tout.   

En parlant réforme des retraites, elle sera présentée mardi 10 janvier par le gouvernement et les syndicats prévoient de se mobiliser très vite. Une intersyndicale est prévue dès mardi soir dans la foulée de la présentation du projet par le gouvernement et toutes les grandes organisations – CGT, CFDT, ou FO – y participeront. Cela fait plus de douze ans que l’on n’a pas vu une telle unité syndicale. Toutes les centrales sont opposées à cette réforme et notamment au report de l’âge de départ, fût-il à 64 ans. Les syndicats veulent fixer sans attendre une date pour une grande journée d’action. Ce sera le jeudi 19 ou le mardi 24 janvier.

Les syndicats craignent la résignation

Est-ce que les Français vont se mobiliser ? La retraite est traditionnellement un sujet fédérateur et cette fois encore, les Français sont très majoritairement contre le recul de l'âge. Mais vont-ils aller jusqu'à descendre dans la rue, jusqu’à faire grève ? Vu la hausse des prix, qui peut enchaîner plusieurs jours sans être payés, s’inquiètent les syndicats qui, certes, mettront à disposition leurs caisses de grèves quand ils en ont. Mais pas sûr que cela suffise. Surtout que ces dernières années, grèves et manifestations n’ont pas beaucoup fait reculer le gouvernement. Il y a le risque que les Français se disent : à quoi bon perdre une journée de salaire. En fait, même s'ils brandissent la menace d'un conflit social dur, les syndicats craignent que l’inflation ne vienne plomber leur contestation.  

La mobilisation contre la réforme pourrait donc être limitée et c’est tout le pari du gouvernement qui table sur quelques journées de mobilisation, des poussées de fièvre avec des grèves notamment du côté des agents publics, RATP, SNCF, EDF, etc. Mais rien à voir avec 2010, par exemple, dernière réforme des retraites qui avait repoussé l'âge de départ de 60 à 62 ans où les cortèges avaient rassemblé plus d’un million de personnes. Un important leader syndical nous disait : le vrai risque, désormais, c’est plutôt la lassitude, la résignation, le ressentiment qui, à défaut de s’exprimer dans la rue, s’exprimeront dans les urnes.  

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