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Pénurie de carburants : à quoi joue la CGT ?

Philippe Martinez sort de son silence pour demander au gouvernement et aux pétroliers de revaloriser les salaires. Le décryptage éco de Fanny Guinochet.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Philippe Martinez, le patron de la CGT, lors d'une grève nationale le 29 septembre 2022, à Paris. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Philippe Martinez a mis du temps à s'exprimer. Pourquoi avoir tant attendu ? Officiellement, parce qu’il est à l’étranger, en Palestine, pour un voyage professionnel. Il dit pourtant suivre le conflit.

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Et, sans surprise, il demande des hausses de salaires au niveau de la branche professionnelle – car il n’y a pas que Total ou Esso-ExxonMobil concernés. Il s’insurge contre la réquisition de personnels pour débloquer les dépôts Esso-ExxonMobil mais, si Philippe Martinez a tardé à réagir, c’est aussi parce qu’il n’a pas forcément la main.

Il est sur le départ, son mandat à la tête de la CGT s’achève en mars 2023 et il n'a pas des relations très faciles avec sa puissante fédération CGT du pétrole-chimie, en première ligne dans ce conflit. Elle s’est, par exemple, récemment opposée à lui sur sa succession : Philippe Martinez aimerait passer le flambeau à Marie Buisson, de la CGT Éduc’action. Une femme pour diriger la centrale de Montreuil serait une première mais, avec un positionnent féministe, écologique, sociétal, Marie Buisson ne fait pas l’unanimité en interne. Et la CGT Pétrole ne s'est pas privée de le lui dire. 

Avertissement pour le gouvernement

Ce conflit dépasse largement le seul secteur des raffineries. Peuve en est : après l’annonce des réquisitions, mardi 11 octobre, la CGT a dit qu’elle suspendait sa participation à toutes les réunions avec le gouvernement et le patronat, soit la politique de la chaise vide pour les concertations sur l’emploi des seniors. La CGT compte bien montrer qu’elle peut peser sur les décisions politiques. En d'autres termes, cette grève est un avertissement pour le gouvernement. Avant une réforme des retraites annoncée en début d’année prochaine, la CGT prévient  : attention, nous avons les moyens de s’opposer et de bloquer le pays.

Avec ce conflit dur, la CGT se distingue aussi de la CFDT, qui joue la carte du dialogue social, plus que celle du blocage. C'est aussi une sorte de pied de nez à Jean-Luc Mélenchon qui organise sa marche dimanche 16 octobre pour le pouvoir d’achat. Histoire de lui dire que la lutte politique n’a pas totalement évincé la lutte syndicale, loin s'en faut !

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