Quand le Brexit efface le Grexit
La Grèce a reçu ce mardi 7,5 milliards d’euros d’aide de la part du mécanisme européen de solidarité, sans qu’on en entende parler. Le psychodrame de l’été dernier ne s’est pas renouvelé. Jean-Claude Jüncker, le président de la commission y est même allé de ses encouragements, il a estimé que la Grèce était sur la voie du redressement économique. Il a salué le courage du peuple grec, dont le pays, a-t-il dit, est désormais "définitivement et solidement ancré à l’Europe ". On n’en croit pas nos oreilles. Il y a tout juste un an, certains voulaient pousser la Grèce dehors et le Grexit, tout comme le Brexit aujourd’hui, était sur toutes les lèvres. On discutait déjà de son coût exorbitant, de la procédure et d’une sortie qui aurait été l’amorce de la désintégration de l’Europe. Jouer à se faire peur, depuis la crise semble être devenu le grand jeu des européens.
La Grèce va-t-elle mieux?
Oui et non. Pour l’instant les privatisations vont lentement, l’économie piétine et la dette reste étouffante, elle représente 180 % du PIB. Mais les banques se sont délestées de leurs dettes pourries, elles peuvent injecter du crédit dans l’économie réelle et vont même sans doute retrouver le chemin des emprunts hyper bas de la Banque centrale européenne. Le chômage est passé de 26 % en 2014 à 24, 2 % aujourd’hui. Cela reste énorme mais la courbe s’inverse comme on dirait en France. Grâce à ce nouveau prêt, la Grèce peut rembourser ses créanciers mais aussi payer ses arriérés. Mieux, la Grèce emprunte désormais à des taux très bas, 0, 8 % sur 32 ans et devrait en principe pouvoir limiter son déficit à 3,5 % en 2018 contre plus du double l’an dernier. Les réformes ont plafonné les retraites les plus élevées, regroupé les caisses, augmenté les prélèvements sociaux et adopté des mesures de lutte contre l’évasion fiscale. Selon certains économistes grecs, 2016 sera l’année du changement avec un vrai redémarrage économique l’an prochain. Cela fait six ans que le pays est sous perfusion.
Une économie coincée entre austérité et crise des réfugiés
La Grèce, malgré l’austérité imposée ne s’est pas départie de la solidarité européenne, difficile évidemment de confier sa frontière au pays d’en face. Elle accueille les réfugiés. Selon l’ONU, 92 % de ceux qui arrivent en Europe sont passés par la Grèce cette année. Pour l’ancien gouverneur de la Banque de Grèce, cela engendre une dépense publique de l’ordre de 600 millions d’euros cette année. Ce coût est loin d’être compensé par l’aide apportée par l’Union européenne. Les routes maritimes sont désorganisées, le commerce souffre, le tourisme aussi. Cela n’aide pas la Grèce à s’en sortir. Ses réformes seront examinées encore une fois à la fin de l’année pour recevoir le reste de ce troisième plan d’aide et peut-être restructurer sa dette. Mais dans la crise des réfugiés, si le pays est parfois débordé, et manifeste sa mauvaise humeur, à aucun moment la Grèce n’a dit à l’Europe : "I want some money back". La Grèce s’accroche au bastingage européen. Il est vrai qu’un Grexit ajouté au Brexit, ça aurait fait beaucoup.
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