Réforme des retraites : trois chiffres qui montrent le fort impact économique de la grève en Île-de-France
Les entreprises de la région parisienne sont les premières touchées par la grève qui dure depuis le 5 décembre 2019. Les secteurs les plus affectés sont le tourisme et l'hôtellerie-restauration. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Express").
Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, rend visite vendredi 3 janvier aux commerçants de la rue Montorgueil dans le centre de Paris. Il va au chevet d’entreprises qui souffrent avec la grève. En exclusivité, voici des chiffres qui reflètent la situation économique.
25% de réservations en moins dans les hôtels pour Noël
Rien que pour la nuit de Noël, dans la région parisienne, les réservations d’hôtels ont chuté de 25%. Un quart en moins par rapport à une année normale, par rapport à 2017. 2018 n’était pas représentative, c’était déjà une année noire pour le tourisme avec la crise des "gilets jaunes".
12% de clients en moins dans les centres commerciaux
Autre donnée très parlante : le taux de fréquentation des centres commerciaux franciliens a chuté de 12% depuis le début de la grève. Les distributeurs sont catastrophés parce que les fêtes sont une période cruciale. C’est surtout l'Ile-de-France qui est affectée par le mouvement social. En région, la fréquentation des centres commerciaux a seulement baissé de 3%.
200 entreprises bénéficiaires du dispositif d'aide de l'État, mais sûrement plus à venir
Vendredi auprès des commerçants, le ministre de l'Économie rappellera que l’État a réactivé les mesures initiées lors de la crise des "gilets jaunes". Les entreprises qui souffrent peuvent solliciter un report de leurs cotisations sociales et fiscales dans le temps, elles peuvent obtenir des échéanciers auprès de l’administration. Peu en ont fait la demande pour le moment, mais toutes ne sont pas informées de ce recours.
Il y a aussi la solution du chômage partiel. Ce système a pour objectif d’éviter que l’entreprise ne licencie quand elle a une baisse d’activité. L’État vient alors en renfort, et compense temporairement les salaires.
Depuis le 5 décembre, premier jour de la grève, près de 200 entreprises d’Île-de-France ont bénéficié du dispositif, ce qui représente 3 000 salariés au chômage partiel. Ce sont surtout les petites structures qui n’ont pas de trésorerie, pas les reins assez solides qui l'utilisent. Près de 3 000 personnes, on peut se dire que ce n’est peu : mais le gouvernement pense que ce n’est que le début, et il s’attend à voir les demandes affluer parce qu’en décembre, pour limiter la casse, patrons et employés se sont débrouillés en piochant dans les RTT, mais aussi les congés payés... Mais ils auront bientôt épuisé toutes les possibilités. Selon Bercy, le chômage partiel a déjà coûté à l’État près d’ 1,5 million d’euros pour un mois seulement.
Et pour les actifs, ces grèves ce sont des heures de travail en moins, des primes qui passent à l’as, des contrats d’extra annulés, mais aussi souvent des dépenses en plus pour aller travailler. Pour la semaine prochaine les commerçants et artisans s’inquiètent d’autant plus que les perturbations promettent d’être importantes. Il y a une journée d’action le jeudi 9 janvier. Et aussi cet appel de la CGT à bloquer les raffineries. Les conséquences économiques du conflit pourraient cette fois s’étendre bien au-delà de la région parisienne.
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