Maîtrise des dépenses de santé : "Il ne s'agit pas de jeter l'anathème ni sur les médecins, ni sur les assurés, ni sur les entreprises", assure le patron de la Cnam

Thomas Fatôme a indiqué dimanche que le déficit de l'Assurance-maladie sera "vraisemblablement plus élevé" qu'attendu en 2024.
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Thomas Fatôme, directeur-général de la Cnam, le 10 septembre 2024 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Il ne s'agit pas de jeter l'anathème ni sur les médecins, ni sur les assurés, ni sur les entreprises", mais de "préserver un système d'assurance maladie", explique mardi 10 septembre sur franceinfo Thomas Fatôme, directeur général de la Caisse nationale d’assurance maladie.

Les indemnités journalières représentent cinq milliards d'euros de dépenses supplémentaires en dix ans, a précisé le ministre démissionnaire de l'Économie Bruno Le Maire. Maîtrisées en 2023, ces dépenses sont reparties à la hausse au premier semestre 2024. "C'est la raison pour laquelle on se mobilise de façon très opérationnelle", explique Thomas Fatôme.

Les causes de la hausse des dépenses de santé sont "multifactorielles", admet le patron de la Cnam, mais il souhaite s'attaquer à la fraude. "Nous avons convoqué 270 000 assurés en 2023 sur la base de ciblage. Dans à peu près 30% des cas, l'arrêt de travail n'est pas justifié", a-t-il indiqué. L'objectif dans la nouvelle convention médicale signée en juin "est de diminuer de 2% par an les volumes d'arrêt de travail, cela représente 300 millions d'euros", a-t-il précisé.

"Un facteur économique et démographique"

La Cnam souhaite également se rapprocher d'ici la fin de l'année de "7 000 médecins généralistes pour discuter de leur prescription". Le syndicat MG France a peu apprécié l'initiative : "À force de taper sur les médecins et de taper sur les patients, avec des jours de carence, avec des contrôles, etc. Ils n'arrivent pas à maîtriser cette augmentation, c'est donc qu'elle a d'autres causes", explique son président Jean-Christophe Nogrette lundi sur franceinfo. Les 60% de hausse des dépenses est due à "un facteur économique et démographique", selon Thomas Fatôme. "Après, on a 40 % où on ne sait pas expliquer", explique-t-il.

Selon lui, des entreprises présentent "un absentéisme atypique" avec "beaucoup d'arrêts de travail, des accidents du travail, des maladies professionnelles". D'ici la fin d'année, la Cnam va se rapprocher de "près de 1 000 entreprises de plus de 200 salariés" qui font face à un absentéisme important parmi leurs salariés. L'objectif est d'"accompagner l'entreprise" pour "voir comment on peut éventuellement aménager l'organisation du travail pour essayer de diminuer les arrêts", explique-t-il.

Pour Thomas Fatôme, "on a aussi des sujets d'équité". Il s'interroge : "Pourquoi les salariés dans les grandes entreprises sont souvent couverts pour les trois premiers jours de carence ? Et pourquoi les salariés dans les petites entreprises le sont beaucoup moins ?" Il propose aux partenaires sociaux de "se mettre autour de la table" pour évoquer "tous les sujets". La Caisse nationale d’assurance maladie rencontre mercredi les syndicats de médecins pour lancer la nouvelle convention médicale qui a été signée au mois de juin.

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