Médecin de Vincent Lambert : un temps supplémentaire "insoutenable"
Il voudrait maintenant que les choses aillent vite. Eric Kariger, médecin en charge de Vincent Lambert et chef du service de soins palliatifs du CHU de Reims, était invité de France Info mercredi matin. La veille, la Cour européenne des droits de l'homme a demandé le maintien en vie de l'homme de 38 ans, allant à l'encontre de la décision du Conseil d'Etat validant elle l'arrêt des soins.
"Encore une fois la justice a ses raisons et ses modes de fonctionnement, cette décision de suspension est une mesure simplement conservatoire, et logique, même si pour nous sur le terrain c'est un temps qui nous paraît long et un recours qu'on aurait aimé ne pas avoir à subir ", explique-t-il. "Ce sont les parents qui font valoir leur droit et c'est tant mieux nous sommes dans une démocratie ", ajoute-t-il.
L'avis du Conseil d'Etat valide la "totale légalité"
Le médecin souhaite également revenir sur la décision du Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative française, qui elle a reconnu "la totale légalité de la procédure que nous avons mené, qui vient confirmer aussi douloureusement que cela puisse être que la situation de notre patient est bien qualifiée d'obstination déraisonnable ". "Cet avis fait aussi avancer les choses ", explique-t-il. Cette affaire "nous rappelle que la loi Leonetti est une loi probablement la plus équilibrée des pays européens, et suffisante ".
Concernant le recours devant la Cour européenne, il s'interroge : c'est "peut-être le recours de trop, dans une société qui a oublié que la mort n'est pas un drame, qu'elle fait partie de la vie, que nous y passerons tous, que respecter la mort c'est respecter la vie ".
Il cite Jean Leonetti : "Tout ce qui est techniquement possible n'est pas humainement souhaitable"
"Ce temps supplémentaire est insoutenable"
Eric Kariger et son équipe vont maintenant attendre la décision de la Cour européenne. Même si ces prochains mois seront différents des précédents : "C es derniers mois, malgré la difficulté, on pouvait dans le doute considérer que peut-être on s'était trompé, tant sur la forme que le fond, et donc même si ça a été douloureux, toutes ces expertises sont venues nous rassurer. Ces derniers mois nous pouvions donc douter, alors qu'auourd'hui la plus haute juridiction administrative française vient de confirmer qu'il n'y a plus aucun doute sur le caractère déraisonnable, donc c'est vrai que c'est difficile à vivre ".
"Mais encore une fois, si l'affect l'emportait, je pourrais me dire qu'aujourd'hui j'ai toute la liberté de libérer Vincent Lambert, si je n'étais pas respectueux du droit... ", ajoute le médecin. "C'est un appel que je lance en particuler aux membres de la Cour des droits de l'homme : ce temps supplémentaire est un temps insoutenable, qu'ils rendent les décisions les plus sages mais qu'ils les rendent vite... " conclut-il.
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