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"À toutes les filles" : Didier Barbelivien raconte les coulisses de son duo avec Félix Gray

L'auteur, compositeur et interprète, Didier Barbelivien, est l'invité exceptionnel du Monde d' Élodie toute cette semaine. Il se livre en remontant le temps avec cinq de ses chansons incontournables écrites pour les autres ou pour lui-même. Son dernier album éponyme, et ultime en tant qu’interprète, est sorti en octobre 2022.
Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Félix Gray et Didier Barbelivien à Saint-Tropez (Var) en août 2003 (MAXPPP)

L'auteur, compositeur et interprète Didier Barbelivien est l'invité exceptionnel du Monde d'Élodie toute cette semaine. Depuis 1970, il a écrit et composé plus de 2 000 chansons. Son dernier album,  Didier Barbelivien,  qu’il présente comme étant son ultime album en tant qu'interprète est sorti en octobre 2022. Pendant cinq jours, à presque 70 ans, il remonte le fil de sa vie en évoquant ses souvenirs autour de quelques-unes de ses collaborations comme avec Julien Clerc, Gérard Lenorman, Christophe ou encore Johnny Hallyday.  

franceinfo : Vous avez beaucoup écrit pour les autres, de Johnny Hallyday à Julio Iglesias en passant par Claude François. Mais vous existez aussi d'abord et grâce à vos interprétations à succès, parmi lesquelles À toutes les filles ou encore Jean de France en hommage à Jean Ferrat. Que représente cette partie d'interprétation dans votre vie ?

Didier Barbelivien : C'était mon école. Moi, je ne suis pas un type qui est né avec le sens inné de la chanson, de la musique, de la variété. Il a fallu que j'aille à l'école de la variété française et il y avait de tout. Ça commençait effectivement à Brassens, Brel, Aznavour, Nougaro, Bécaud et puis après les yéyés avec Sheila, Sylvie Vartan, Claude François, Johnny Hallyday, Dick Rivers etc. Après, je me suis fait la nouvelle chanson française avec Maxime Le Forestier, Jean-Michel Caradec, Yves Duteil, Yves Simon. Enfin, je n'arrêtais pas d'étudier. J'étais à l'école. J'écoutais tous leurs disques, toutes leurs chansons, j'apprenais. J'étais fasciné. Je me disais : mais comment ils font ça ? Pourquoi celui-là il fait cela ? Et puis, de fil en aiguille, je me suis mis à écrire.

C'est votre père qui va vous donner cet amour, ce côté saltimbanque, cette envie de chanter. Vous l'écoutez dans les camions quand vous alliez sur les marchés.

"Mon père était marchand forain. C'était un type qui était plutôt joyeux, qui aimait la chanson, la musique."

Didier Barbelivien

à franceinfo

Mon père aimait plein de trucs ! Il chantait des vieilles chansons du temps de Tino Rossi, mais il aimait Johnny Hallyday. Il aimait des chansons beaucoup plus modernes. Il aimait Leny Escudéro, quelqu'un dont on ne parle presque jamais, Mouloudji, Francis Lemarque, des gens comme ça.

Il vous a surtout appris la vraie vie, l'envie d'apprendre, l'envie d'écouter les autres, l'envie de respecter les autres, le travail bien fait.

Je pense que oui et puis vous savez, dans ce milieu un peu petit commerçant, où la vie n'est pas facile, où on est les cousins du prolétariat de l'époque, les métiers sont durs. Il y a des marchés où il gagne de l'argent, il y a des marchés où il en perd. Il y a des moments où la pluie emmène tout... J'ai des souvenirs de ça.

Je voudrais qu'on parle du succès de À toutes les filles qui arrive en 1991. Comment l'avez vécu ce duo avec Félix Gray ? C'est devenu un tube, encore aujourd'hui, tout le monde en parle.

Oui, on l'a vécu de bonne humeur. D'autant plus qu'au départ, on est jetés de toutes les radios. Mais ça, c'est l'apanage des chansons qui vont faire chanter la France. En général, si vous voulez être sûrs d'avoir un tube, c'est quand vous êtes jetés des médias : "Ce n'est pas assez si, ce n'est pas assez ça, ce n'est pas ça qu'on attendait de lui, quand même c'est un peu facile". Essayer d'en faire des chansons populaires, vous allez voir si c'est facile. Et Félix et moi, on est tellement complices que ça nous fait rire. On sait qu'il existe des émissions de télévision pour promouvoir notre chanson et faire plaisir aux gens ou pas. Ça aurait pu être un bide absolu, mais on avait fait l'effort de s'acheter des smokings pour jouer à Jean-Pierre Cassel et à Sacha Distel dans les grandes années. Bref, ça a plu.

Vous avez rendu hommage à Léo Ferré qui était un grand monsieur pour vous et Jean Ferrat avec Jean de France. Parlez-nous de cette chanson. Elle est très importante pour vous.

"Rendre hommage à Jean Ferrat, c'était indispensable pour moi."

Didier Barbelivien

à franceinfo

J'avais écrit une chanson pour Nicole Croisille qui s'intitulait Léo. J'adore, je ne me lasse pas de rendre hommage à mes aînés. Dans un album qui s'appelle Mes préférences, j'ai passé tout le monde en revue ou presque : Nougaro, Brassens, Ferré, Ferrat, Lennon, Elton John. C'est même plus que naturel pour moi, c'est mon devoir. C'est obligé de remercier ces gens-là. J'écoutais Jean Ferrat depuis l'âge de dix ans, depuis que j'avais entendu Nuit et brouillard chez Guy Lux. Vous vous rendez compte, entendre une chanson comme ça au palmarès des chansons ! C'est-à-dire que le chanteur le plus censuré de France était chez l'animateur le plus décrié. C'est là où j'aime la France. C'est un pays génial. Personne ne veut de Jean Ferrat à l'époque, sauf Guy Lux que les mecs appellent Bonux, voilà, le type le plus commercial de l'époque, on va dire. Et Ferrat y crée ses chansons. Ma mère écoutait beaucoup Jean Ferrat, mon père aussi et de fil en aiguille, j'ai voulu découvrir toute l'œuvre de Ferrat et Dieu sait qu'elle est importante, et je vous fait grâce de Ferrat chante Aragon.

Didier Barbelivien sera en concert le 2 novembre 2023 à Bressuire, le 5 à Marseille, le 8 à Lyon, le 12 à Lille, le 26 à Toulouse, le 1er décembre à Tours etc.

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