Didier Barbelivien sort son dernier disque mais "espère en faire encore beaucoup pour les autres"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’auteur compositeur et interprète, Didier Barbelivien. Il revient avec un nouvel album éponyme.
Didier Barbelivien est auteur-compositeur, interprète et un auteur prolifique avec plus de 2 000 chansons composées entre 1970 et nos jours. Il a beaucoup écrit et composé pour les autres. En premier, il y a eu Joël Prévost, candidat à l'Eurovision en 1978, puis Hervé Vilard, Michel Sardou, Johnny Hallyday, Dalida, Patricia Kaas, Céline Dion, Julien Clerc, Christophe, pour ne citer qu'eux.
Auteur mais aussi interprète avec des chansons devenues des tubes comme À toutes les filles (1991), Il faut laisser le temps au temps (1991), Jean de France (2011), qui se sont imposés pour la plupart à la première place du Top 50. Aujourd'hui, il revient avec un nouvel album éponyme.
franceinfo : Cet album, c'est un peu une carte de visite pour mieux vous présenter, à presque 70 ans. Je le dis parce que c'est vous qui le racontez dans une chanson.
Didier Barbelivien : Je ne les ai pas encore. Je n’ai que 68 ans, mais je les sens venir à grands pas et ça me fait plutôt rire, surtout parce que je ne ferai plus de disque. C'est mon dernier disque.
Pourquoi prendre cette décision ?
Parce que, c'est un peu prétentieux ce que je vais vous dire, mais je suis plutôt très content de ce disque. Dans le doute de celui qui suivra où je ne suis pas sûr, je parle vocalement, d'avoir encore cette pêche et cette santé. Je préfère dire que je n'en ferai plus. J'en ferai, j'espère, encore beaucoup pour les autres, parce que c'est quand même ma vocation première.
22 albums, mais dans celui-ci, on ressent que vous êtes d'abord un interprète.
C'est gentil de me le dire parce que, là, j'ai fait un effort comme c'était le dernier dans ma tête, par exemple sur une chanson qui ouvre l'album comme Suzy...
Qui est quand même une chanson sur un crime passionnel !
Je me suis dit : si tu pouvais la jouer un peu Jacques Brel, ce serait bien parce que c'était un immense interprète et moi, j'ai toujours chanté mes chansons mélodiquement, c'est-à-dire l'interprétation, c'est-à-dire ce qu'un homme y met d'un peu théâtral dans une chanson, je ne l'ai jamais fait de ma vie, sauf dans Suzy.
À travers cette chanson, on ressent d'ailleurs votre côté un peu féminin. C'était un souhait ça aussi, de lâcher prise et de montrer que vous étiez aussi ça ?
Quand j'écris pour les femmes, ce que j'ai énormément aimé faire dans ma vie, je n'ai pas peur de dire que je m'étais la combinaison de Sylvie Vartan quand il fallait écrire pour Sylvie Vartan. Quand j'ai écrit pour elle la chanson sur sa fille Darina, je me suis imaginé adopter une petite fille bulgare et l'élever et comment ça allait se passer entre nous deux.
"Il y a cette part de schizophrénie entre ce que j'écris et ce que je suis, parce qu'évidemment je ne suis pas toujours le personnage de mes chansons."
Didier Barbelivienà franceinfo
Vous avez commencé à écrire à 16 ans. Enfant, vous étiez beaucoup bringuebalé quand même, vous avez grandi au Congo, vous êtes né à Paris...
Oui, je n'ai pas aimé mon enfance. Je n'étais pas heureux. J'ai commencé à être bien à 15, 16 ans, quand j'ai commencé à écrire, à avoir des bandes de copains au lycée Chaptal, à être finalement un adolescent indépendant.
L'écriture à 16 ans pour raconter des histoires, pour sortir de votre quotidien un peu difficile, c'était nécessaire d'écrire ou c'était un jeu ?
Je ne sais pas ce que j'aurais fait d'autre dans la vie. C'était indispensable. Mais ce n'était pas indispensable comme quelque chose, comme une fuite ou tout ça. Je me disais : voilà mon truc à moi, mon boulot, ça va être ça.
Vous l'avez su très tôt.
De manière un peu inconsciente ou idiote, parce qu'effectivement je me souviens de mon père me disant : "Mais si tu ne réussis pas ?", mais le mot me choquait,"réussir". Je ne pensais pas à ça, je pensais le faire.
"Je n'avais pas la notion de la réussite ou de l'échec."
Didier Barbelivienà franceinfo
Là, vous êtes sur scène, en tournée.
Je ne sais pas si on peut appeler ça une tournée. Disons que je vais chanter sur les tréteaux et que j'adore ça. D'abord parce que j'ai commencé à chanter sur le tard. J'ai commencé à chanter sur scène, j'avais 53 ans. C'est souvent quelquefois là où les autres s'arrêtent...
Pourquoi avez-vous pris cette décision ?
Pour vous dire toute la vérité. Quand on me disait : "Tu vas partir en tournée l'hiver", je me disais : novembre, le verglas sur les routes, décembre. Non, non, non, je préfère être à la campagne avec mes chiens et tout ça, auprès de la cheminée. Et puis, quand j'ai commencé à me prendre au jeu, parce que c'est devenu plus qu'un jeu, c'est devenu une réalité. Maintenant, c'est devenu un genre d'addiction. Je me plais énormément sur une scène parce qu'aussi peut-être que dans ces années-là, je me disais : je ne vais pas reproduire en moins bien ce que font tous mes petits copains puisque je me sentais pas le plus légitime et le plus fort. J'ai trouvé très au-dessus de moi.
Vous avez partagé beaucoup de moments avec eux. C'est difficile de continuer sa route quand ils partent ?
À la fois, ils partent et ils ne partent pas. Parce que j'ai tellement la voix de Johnny, son regard, sa vie... Les moments passés me reviennent. Christophe, c'est pareil. Je vois le visage de Christophe devant moi qui bouge. Je vois Christophe dans son studio. Ils ne disparaissent jamais.
Est-ce que cet album n'est pas, justement, un hommage à la vie tout court ?
J'espère. La vie a été douce avec moi. Elle a été gentille jusqu'à ce jour. Si je peux lui rendre à travers quelques chansons, ce n'est pas grand-chose. Je dis 12 fois merci dans ce disque.
Didier Barbelivien sera sur scène le 19 février 2023 à Locminé, le 25 février à Châteaudun, le 10 mars à Chauny et à Poissy, le 12 mars.
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