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Alan Stivell, "à la fois celte et mondial", célèbre ses cinquante ans de carrière

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’auteur, compositeur, interprète et multi-instrumentiste Alan Stivell. Il fêtera ses 50 ans de carrière sur scène, avec l’Orchestre national de Bretagne, et débutera cette tournée le 7 avril 2022 à Rennes.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
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Alan Stivell en concert au Festival interceltique de Lorient (Morbihan) le 11 août 2021 (MATHIEU PATTIER / OUEST-FRANCE / MAXPPP)

Alan Stivell est auteur, compositeur, interprète, multi-instrumentiste, habité et passionné depuis son plus jeune âge par la culture celtique. Amoureux de la harpe, un amour commun partagé avec son père depuis qu'il est tout petit, il a aussi toujours milité pour faire admettre le peuple breton avec sa langue, sa culture, sa musique et son territoire. D'ailleurs, il est "citoyen du monde de nationalité bretonne", dit-il. Il a été le premier chanteur breton à utiliser la langue bretonne et cela ne l'a pas empêché de révolutionner celle-ci en y incorporant des influences gaéliques et anglo-saxonnes.

Cela fait déjà cinquante ans que ça dure et il fêtera cet anniversaire sur scène avec son public à travers une tournée, une célébration qui s'appelle Celtique Symphonique et qui débute le 7 avril à Rennes et le 8 avril à la salle Pleyel.

franceinfo : 50 ans de carrière, mais toujours aussi animé ?

Alan Stivell : C'est même plus que 50 ans. C'est 50 ans depuis l'Olympia, qui était ma rencontre avec le grand public. Rencontre improbable parce que réellement, j'ai toujours eu le sentiment d'être quelqu'un d'alternatif, d'underground et finalement, il s'avère que parfois, on peut faire de l'underground populaire. Et c'est ce qui s'est passé.

C'est votre père qui vous a transmis le flambeau, de par sa passion.

Evidemment, il a eu ce rêve de remettre en selle cet art celtique séculaire et ça m'a touché. J'avais 9 ans et toucher cette corde, c'était toucher aussi quelque chose qui remontait presque aux origines, il y avait ce sentiment-là.

Vous avez effectivement eu ce besoin d'affirmer très tôt cette identité. Depuis la primaire, vous étiez différent des autres. Vous le saviez ?

Je le ressentais dans le sens que j'avais quand même beaucoup de copains qui me prenaient quand même pour un fou et du coup... Est-ce que je n'aurais pas pu tomber dans la folie si je n'avais pas trouvé des antidotes ? Ce qui est très étrange dans la culture bretonne et celtique, c'est déjà cette notion qui m'est apparue, étant enfant, qu'il y avait des connexions avec des musiques dites orientales, des musiques d'Amérindiens, des musiques d'Extrême-Orient et c'est quand même quelque chose de très surprenant. Ça a été mon antidote, la base de ma démarche qui était : musique mondiale dans sa déclinaison celtique.

Rapidement, vos professeurs et votre père vont comprendre quand même que vous avez des prédispositions, que vous êtes doué, en plus d'être habité.

J'ai été sur la scène de l'Olympia en première partie de Line Renaud en 1957. J'avais 13 ans. Je pense qu'on est déjà sensible à la base et lorsque l'on voit un jeune enfant sur un instrument improbable, il y a quelque chose qui se passe. Je crois que ça a beaucoup séduit.

"Il y a eu l'arrivée du rock'n'roll au moment où la harpe celtique était déjà réinstallée en Bretagne, c'est-à-dire qu'en 1958, 1960, l’utopie était accomplie."

Alan Stivell

à franceinfo

En 1958, quand vous découvrez le rock, ce qui est important de retenir, c'est que vous découvrez surtout à ce moment-là, que vous avez l'âme d'un rockeur.

On me le dit, après coup, que j'ai une 'rock attitude'. Au départ, je venais quand même en touriste dans le rock'n’roll, j'ai été très attiré par tout ce que ça représentait. Il y avait cette notion de notre génération qui rentrait un peu en révolte, qui innovait. Tout ça, c'est quelque chose qui me fascinait. Effectivement, j'ai absorbé, j'ai été imbibé de tout cette culture rock, mais pas seulement.

En 1970, vous rencontrez cotre premier et gros succès avec le 45 tours Brocéliande. C'est vraiment à ce moment-là, j'ai l'impression, que vous prenez conscience que ce succès va aussi vous permettre d'obtenir cette liberté.

Le fait est que j'ai toujours été musicien et j'ai toujours été quand même militant. Il n'y a pas de prétention à penser que la disparition d'une seule culture est un drame pour l'humanité tout entière, puisque c'est même une forme de pensée.

"Je me suis battu dès le départ pour la survie des cultures, même quand elles sont minoritaires."

Alan Stivell

à franceinfo

La philosophie, la science, tout cela est impacté par la disparition de certaines cultures.

Ça représente quoi, justement, le fait que vous soyez devenu un exemple pour ces cultures dites "minoritaires" ?

C'est surtout une joie énorme de m'apercevoir, justement, que les gens pouvaient plus facilement être séduits par quelque chose qui me paraissait être une niche pour quelques personnes et arriver, peut-être, à faire un petit peu que les portes s'entrouvrent. Mais ce succès auprès d'un très grand public n'était pas prévu, c'est incroyable.

Citoyen du monde de nationalité bretonne. Le 10 janvier 2019, l'Académie Charles-Cros vous a décerné le Prix In honorem pour l'ensemble de votre œuvre dans la catégorie Musiques du monde. Ça représente quoi ces 50 ans de vie sur scène depuis l'Olympia ?

C'est compliqué. Que maintenant, les gens ne me rejettent pas comme quand j'avais 8 ans, 12 ans et même 13 ans... Plus personne ne me traite de fou aujourd'hui ! J'éprouve la joie que les choses peuvent évoluer, des influences peuvent exister par la musique. On peut se passer justement de violence, c'est bien la preuve.

Pour terminer, comment vous définissez-vous alors ? Parce que vous n'êtes pas rockeur si je vous ai bien compris, vous n'êtes pas "flower power", mais un petit peu quand même !

Quand je cherche un tout petit peu, je dis qu'il y a cette recherche mondiale et celte. Je suis à la fois celte et mondial.

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