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Aldebert est en tournée avec ses "Enfantillages" : "La scène, c’est la cour de récré"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’auteur, compositeur et interprète, Aldebert. Il réédite ses "Enfantillages 4" soit 14 titres dont six inédits et sort le coffret "Enfantillages, l'intégrale" composé de six CD.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
L'auteur, compositeur et interprète Aldebert, lors d'un concert à Ludres (Meurthe-et-Moselle). (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

Aldebert est auteur, compositeur et interprète. Il est avant tout un fin observateur de notre quotidien, de notre société. Un adulescent, un grand enfant que la naïveté enfantine fascine et dont il aime prendre soin. Depuis 2008, ses Enfantillages ont conquis les grands et les petits, mais aussi les artistes comme Gaëtan Roussel, Louis Chedid, Olivia Ruiz, Charles Berling, Anne Sylvestre ou encore Maxime Le Forestier. Depuis quelques jours, on peut trouver la réédition de ses Enfantillages 4 soit 14 titres dont six inédits ainsi que le coffret Enfantillages, l'intégrale composé de six CD.

franceinfo : Comment vous vivez ce succès qui, semble-t-il, est le seul à grandir finalement ?

Aldebert : Oui, c'est ça, il n'y a que lui qui grandit. Je le vis très bien. Pourquoi ? Parce que ça s'est fait très progressivement. Et en fait, Enfantillages a démarré un petit peu comme un accident, comme une parenthèse que je n'ai jamais refermée depuis.

Quel est cet accident ?

C'est cette envie déjà de me réaliser dans le jeune public. Et puis on m'avait un peu déconseillé de le faire. On m'avait dit : "Oui, fais gaffe, tu vas te planter. C'est une niche, c'est une chapelle, tu vas être cloisonné là-dedans". Et en fait, c'est tout le contraire qui s'est passé, c'est-à-dire que j'ai fédéré évidemment des enfants, surtout des parents et des grands-parents maintenant, donc il y a trois générations qui viennent. Et ça s'est fait avec le temps. Au début, j'ai démarré par des toutes petites salles sorties. Je sortais d'un répertoire de chanson française classique, adulte, dans lequel je parlais déjà beaucoup d'enfance. Et là donc, c'était la grande porte ouverte à l'enfance et tout ce que ça peut fédérer comme liberté. Les spectacles et les chansons pour les enfants, c'est souvent assez exclusif. On a les petits et les parents attendent dehors ou en tout cas ils n'écoutent pas, ils ne partagent pas.

"Dans mon univers, enfants et parents partagent les chansons. On partage les concerts. C'est comme ça que ça se passe. C'est chouette quoi !"

Aldebert

à franceinfo

La musique est devenue très vite obsessionnelle chez vous ?

Oui, c'était un besoin et puis une réalité. A la maison, il y avait Brassens qui tournait tout le temps en boucle. Il était présent, c'était cette espèce de troisième grand-père. Mes parents étaient vraiment mélomanes, pas forcément musiciens même si mon père chantait dans des chorales de chants sacrés de type grégorien. Et du coup, l'envie de faire des groupes, à l'adolescence est arrivée très vite. Un premier apprentissage du piano qui était un échec total parce que la prof m'apprenait la musique comme on apprend la compta et ça n'a pas marché du tout. Deuxième chance à la fin du collège avec la guitare, cet objet qu'on peut emmener partout. Et puis surtout cette musique qu'on va partager qui était complètement une autre façon d'apprendre, d'envisager la musique que ce que j'avais eu avec cette prof d'orgue.

Ce qui va ressortir d'ailleurs de tout ça, c'est que vous allez vraiment prendre conscience que vous êtes d'abord un compositeur. Qu'effectivement, la guitare est votre meilleure amie et que vous allez avoir besoin très vite de partir dans une carrière solo, de trouver votre identité. C'est vrai que cette nostalgie d'enfance, finalement, elle a toujours existé...

Oui, c'est ça. Moi, j'ai toujours cette connexion avec mon enfant intérieur, même avant Enfantillages. En fait, c'est toujours là. Ma mère passait, elle passe encore son temps à me dire, et d'ailleurs je prends ça comme un complément : "Mais t'as quel âge ?" Parce que je lui explique mes nouveaux hobbies, mes passions et tout, ce retour du métal qui arrive. Et elle me dit : "Mais t'as quel âge ?" Et cette question, je la trouve super car j'ai bientôt 50 balais ! Tant mieux ! C'est chouette.

Comment vous définissez-vous ? Je disais toujours que vous étiez un observateur de notre quotidien, de notre société aussi. Vous faites quoi dans la vie ?

Il y a un côté photographe ! C'est ça, ce sont des empreintes que laissent des moments. Ce sont des chansons qui viennent de là, clairement. C'est une photo, clac ! C'est comme s'il y avait une petite lumière qui s'allumait où tout d'un coup je me dis : tiens ! Et ce moment qui est fort en émotion, ça peut être une émotion triste, ça peut être un truc qui vous met en colère. C'est un signal et bing, il y a une chanson. Et dès que j'ai trouvé ce truc-là, dès que j'ai capturé cette émotion-là, après, c'est comme si tout le boulot était fait, quelque part.

Il y a Double papa, cette chanson est incroyable. Vous vous positionnez avec Calogero pour parler de ça. C'est important aussi de faire passer des messages, en douceur ?

"Dans mes chansons, je n'ai surtout pas envie de faire la morale et dire quoi penser."

Aldebert

à franceinfo

Oui en douceur, c'est ça. Je propose une vision d'un sujet. Chose que je n'aurais peut-être pas osé faire à l'époque de Enfantillages 1 ou 2, où on était plus dans des choses poétiques et festives. Il n'y a pas non plus de dimension politique dans cet Enfantillages 4, mais en tout cas, l'homoparentalité est un sujet qui parle. Pourquoi ? Parce que j'ai rencontré une famille qui était composée de deux papas, avec cette petite fille qu'interprète Nina, la fille de Calogero, dans l'album. Et en fait leur histoire m'a super touché. Ils m'ont raconté comment ils ont construit cette famille et ce n'était pas de tout repos et en tout cas ce qui se passait dans cette famille qui était complètement classique et normale, c'était très beau et du coup, je me suis dit : tiens, voilà, on va parler d'homoparentalité comme ça, de cette façon-là.

La scène, c'est la cerise sur le gâteau ?

Ouais, c'est ça, c'est cette cour de récré. C'est la finalité pour moi de tout ce travail. C'est là que vraiment tout va se jouer.

Aldebert sera en concert le 13 janvier 2023 à Tours, le 14 à Rouen, le 21 à Annecy, le 28 à Grenoble, le 10 février 2023 au Mans et dans bien d'autres villes jusq'au 16 avril 2023 à Brest.

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