Avec son nouvel album "Crash Cœur", Eddy de Pretto livre ses émotions "à cœur ouvert"
Eddy de Pretto est un auteur, compositeur et un interprète à part, porté et soutenu par son public dès ses premiers pas, ses premiers sons, sa première apparition avec comme seul orchestre un téléphone portable relié à un câble et un micro. C'est par ses mots que sa voix et son style se sont fait entendre dans la France entière avec des titres assez forts. Normal (2018), Kid (2017), La fête de trop (2018). Nous avons assisté à la naissance d'un artiste à fleur de peau, au flow atypique et constant, avec comme nourriture la vie et ses démons. Désormais, il est devenu un incontournable dans ce paysage de la musique française. Il vient de sortir un nouvel album : Crash Cœur, 12 titres pour parcourir la couleur et la douleur même des sentiments, les siens. Il part en tournée dès le mois de février 2024.
franceinfo : Vous vous livrez à cœur ouvert dans Crash Cœur, est-ce que c'est justement un cri du cœur, cet album ?
Eddy de Pretto : C'était une volonté de tenter d'arrêter de faire un album sociologique, mais plutôt des émotions, des sentiments et que ça soit vraiment un geste instinctif, limite physique. Le geste de dire les choses à cœur ouvert.
On vous imagine libre depuis le début. Quand vous êtes arrivé, vous étiez limite indomptable. Vous aviez votre façon de faire. Là, vous nous parlez de ressentir, ce sentiment qu'en studio avant, vous n'étiez pas vraiment libres de pouvoir vous laisser aller. Qu'est-ce que c'est la liberté pour vous ?
J'ai commencé cet album par un titre qui s'appelle R + V et qui est un hommage, une révérence à tout un tas de gens qui ont eu le pouvoir d'accepter une certaine liberté, c'est-à-dire de créer des chemins de traverse qui n'existaient pas forcément. Et même si sur le papier comme ça, c'est un album qui peut paraître peut-être un peu moins politique, pour moi, il l'est tout autant parce qu'aujourd'hui, en étant homme homosexuel, faire un album sur l'amour, c'est un positionnement. Et pour moi, c'est un chemin de liberté. Qu'aujourd'hui, en 2023, je puisse moi, Eddy, avec mon identité, faire un album comme ça, c'est une extrême chance et une extrême liberté.
Dès le départ, vous avez assumé de dire que vous étiez homosexuel et on sentait que cela avait été un long chemin pour pouvoir déjà l'accepter vous-même et donc l'annoncer aux autres.
Bien sûr.
Est-ce qu'aujourd'hui ce n'est pas ça cet album, un apaisement par rapport à tout ça ?
"Dans ce troisième album, je voulais un peu prendre de la distance et tenter d'écrire l'amour comme n'importe qui pourrait l'écrire, mais avec mon point de vue."
Eddy de Prettoà franceinfo
Mes deux précédents albums ont été portés sur le genre, sur la recherche d'identité. Et là, je me suis dit : je ne vais pas refaire un album avec une troisième même façon de redire les mêmes choses sur ma sexualité. Jamais je n'aurais pu faire un album comme celui-là dans un premier album parce que j'avais besoin de présenter qui j'étais, d'où j'étais et d'où je parlais.
Votre parcours est fou. Quand vous étiez petit garçon, vous utilisiez la télécommande en guise de micro et vous rêviez de devenir artiste parce que vous étiez fait pour ça avec votre Tatie. Là, aujourd'hui, vous êtes en haut de l'affiche en permanence, vous faites partie des artistes qui comptent. Comment le vivez-vous ?
C'est le moment émotion ! Je suis ravi. Je suis hyper fier de tout ce chemin. Après, il est comme tous les chemins, il y a énormément de remises en question, de doutes et d'embûches et je pense que ça fait partie de tout ce processus-là. Mais c'est vrai que quand je viens ici et que vous me dites ça, ça fait très plaisir et je le prends et j'en suis très fier !
Il y a un autre titre qui est extrêmement fort dans cet album, c'est Maison. Racontez-nous.
"’Maison’ est une chanson de rupture. La seule de l'album, très intime, très piano-voix."
Eddy de Prettoà franceinfo
On se retrouve vraiment dans la solitude du moment, juste après avoir claqué la porte de la personne avec qui on vivait. Et ce sont des moments, quand je l'ai écrite, en tout cas, c'est quelque chose que je vivais intensément et c'est ce que je voulais faire ressentir dans cette chanson, le moment où tu te retrouves face à toi, face à ta solitude, face au fait de réapprendre à vivre qu'avec toi. C'est exactement ce que je voulais montrer.
Parlons des Zénith et de surtout l'Accor Arena. C'est une grande date, dans une grande salle avec une grande jauge.
Je suis trop ravi, pressé et fier de pouvoir faire cette salle qui a été un rêve depuis que je suis petit. J'ai toujours fait ça pour la scène à la base parce que j'ai commencé devant ma mère à Créteil, avec une télécommande en guise de micro, et je mettais en scène des spectacles. J'appelais toutes mes voisines pour faire un spectacle. J'étais le metteur en scène, mais ça ne rigolait pas ! Je disais : tu te mets là, tu ne bouges pas et tu fais la chanson ! Et moi, je vais venir là et je vais chanter. À toi maintenant ! On avait la boule au ventre avant de monter derrière nos canapés, cachés sous le drap et je suis ravi qu'aujourd'hui, je puisse faire une salle comme celle-ci.
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