Christophe Maé impatient de renouer avec la scène : "Dans les prochains mois, je pense qu'on va avoir vraiment envie de faire la fête"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, le chanteur et musicien Christophe Maé.
Auteur-compositeur et chanteur, Christophe Maé galère une dizaine d’années avant de se faire connaître dans la comédie musicale Le Roi Soleil. S'ensuivent une ascension fulgurante, une rencontre avec un public désormais tout acquis à sa cause et la construction de son univers musical. Il réédite son album Ma vie d'artiste, le 6e, dans une version diamétralement opposée à l’album original en revisitant complètement ses titres les plus incontournables en version Unplugged, augmenté d'un inédit avec Youssou N’Dour : L’ours. Pour les concerts, il faudra patienter, jusqu’aux mois de mai ou juin.
Elodie Suigo: J'ai l'impression que cet album Ma vie d'artiste est celui qui vous colle le plus à la peau.
Christophe Maé: Ce qui s'est passé, c'est que sorti du premier confinement, c'est vrai que c'était une frustration pour tout le monde, pour les musiciens et moi, j'ai eu une folle envie d'ailleurs. Donc, j'ai appelé tous les musiciens que j'ai pu croiser depuis une vingtaine d'années. Je me suis retrouvé en studio à Saint-Rémy-de-Provence pendant trois semaines et ça a été magnifique.
À travers tous les titres que vous avez repris, on revit votre parcours. Quand on regarde un peu, vous avez posé plusieurs pierres. La première s'appelle Mon paradis, là, vous sortez d'une comédie musicale et vous apportez enfin votre son.
Oui, ces influences que j'ai traînées dans des bars pendant une quinzaine d'années parce qu'avant de faire la comédie musicale, j'ai écumé les bars. J'ai commencé en faisant carrément la manche et ça a duré 10, 12 ans. Et forcément que dans ces pianos-bars, je reprenais des artistes comme Bob Marley, Ben Harper, Tracy Chapman avec un son très acoustique.
Surtout de grandes voix !
Je m'amusais d'ailleurs à faire du mimétisme un petit peu à mes débuts mais que j'assume complètement parce que je me suis formé comme ça à travers ces artistes-là et j'ai trouvé mon identité musicale, ce mélange de reggae, soul, afro, ces influences afro-caribéennes qui me collent à la peau. Donc, c'est une musique qui me parle énormément.
Dans Unplugged, vous êtes totalement à nu, la voix est dans son plus simple apparat.
C'est très minimaliste avec des versions "prise directe", on a répété avec les musiciens et c'est vrai qu'on entend vraiment cette chaleur, l'énergie du live et j'ai pris énormément de plaisir. J'ai cette chance d'être hyper bien entouré, ce sont vraiment mes potes, c'est ma famille musicale. Je pense que c'est un de mes plus beaux albums.
Le bilan des titres qui sont déjà ancrés dans la tête des Français est assez impressionnant, ça vous impressionne aussi?
Ça m'impressionne toujours. J'ai toujours du mal à raconter ça. Mais c'est vrai que ça fait toujours plaisir et puis je me projette tellement, j'ai la tête pleine de projets, je continue d'écrire, de composer. Forcément, là, j'ai une folle envie de musique encore plus solaire et de retrouver vraiment l'essence de mes premiers titres, justement : On s'attache, Belle demoiselle parce que je pense que quand on va se retrouver sur la route dans les prochains mois, je pense qu'on va avoir vraiment envie de faire la fête.
On sent que vous souffrez. Ça vous met en colère que la culture soit mise dans une case de non essentiels ?
Ce n'est pas une case de non essentiels, c'est que c'est tellement délicat ce sujet aujourd'hui. C'est très compliqué cette situation-là.
Vous avez peur du vaccin?
Non. Quand ça sera mon tour, je pense que j'irai me faire vacciner forcément.
Vous racontez ce qui vous tient à cœur et c'est comme ça qu'est née la chanson L'ours avec Youssou N'Dour. Le but du jeu, c'est aussi de tirer une sonnette d'alarme?
Oui, forcément. Alors en ce moment, l'actualité est assez délicate mais en tous les cas, ce thème-là pour ma part, il y a déjà 15 ans que je le chantais avec C'est ma terre, j'avais déjà un pied dedans. En 2015, je reçois un texto d'un ami qui s'appelle Florian Gazan et il avait deux, trois phrases concernant ce thème de l'ours. Il parle d'un ours qui crève de chaud sur sa banquise et c'est vrai que depuis 2015, j'avais le couplet.
Et là, pendant le confinement, je trouve l'idée de le faire délirer et de l'emmener en Afrique, j'appelle Youssou N'Dour dans la foulée et il pose sa voix. J'appelle Yann Arthus-Bertrand qui me dit: "Écoute, je dois avoir deux, trois images d'ours qui doivent traîner". Je parle plus que d'écologie en fait, je parle surtout de responsabilité, c'est-à-dire que tout est lié, c'est une bataille collective cette histoire-là. Mais juste de se responsabiliser et de faire un petit peu plus attention, ça servira à la cause.
Il y a une autre chanson qui est très, très forte, c'est Lampedusa. Cette chanson, elle ne peut pas laisser indifférent, mais c'est un peu le but ?
C'est tellement viscéral aujourd'hui pour moi de continuer de composer, d'écrire. Quand il y a des thèmes comme ça qui me tombent sur le nez, ça c'est un texte de Paul Ecole, un texte magnifique, à la lecture j'avais les larmes aux yeux, je prends tellement de plaisir à chanter des thèmes aussi profonds, que c'est aussi le moteur qui fait que j'ai envie de continuer à faire de la musique.
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