Cinéma : Martin Lamotte à contre-emploi dans le film "L’instant présent"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, le comédien Martin Lamotte.
Acteur, scénariste, réalisateur, Martin Lamotte a été adopté par le public, il y a longtemps grâce à ses rôles dans les comédies telles que Papy fait de la résistance (1983), Le père Noël est une ordure (1982), L'aile ou la cuisse (1976) et il fait presque partie de la famille depuis la série Nos chers voisins (2012-2017). Aujourd'hui, il est à l'affiche du film L'instant présent, de et avec Florian Hessique, sorti le 9 juin. Il joue le rôle de Mario, propriétaire d'écurie et donne la réplique à Joshua (Florian Hessique) qui, à la suite d'une grave chute de cheval, vient de sortir d'un peu plus de dix ans de coma, et revient dans ce lieu pour se souvenir.
franceinfo: Dans L'instant présent, Joshua ne sait pas qui et où il est, il y a une vraie caisse de résonance avec la maladie d'Alzheimer...
Martin Lamotte : C'est très inquiétant tout ça, on ne sait pas comment aborder ce sujet et face à des gens qui ont des absences de mémoire, on a beaucoup de difficulté à parler. C'est vrai que faire face à une personne qui a complètement oublié, c'est affreux. On a l'impression qu'elle ne nous aime pas, qu'elle nous méprise, alors qu'elle a tout gommé. Les rapports avec les gens qui ont la maladie d'Alzheimer sont très pénibles.
On vous connaît à travers des comédies et là, vous avez un rôle très sérieux, très posé.
Oui, oui, j'aime bien ça aussi, mais je n'en ai pas fait beaucoup, parce que je préfère la comédie.
Je suis un fou de la comédie et c'est formidable de faire rire les gens. Je préfère les faire rire que les faire pleurer. C'est facile de les faire pleurer.
Martin Lamotteà franceinfo
Vous avez commencé par prendre des cours au théâtre. J'ai l'impression que les planches sont vraiment un point de départ, d’autant plus qu’on reste dans l'humain.
Oui, c'est formidable. C'est deux heures de plaisir. Le théâtre est une troupe. Contrairement aux humoristes qui sont seuls, le théâtre, on est tous ensemble et on joue une pièce, on se répond et cette ambiance est incomparable.
C'est très difficile de connaître des choses sur vos parents. Que vous ont-ils transmis alors ?
Mes parents m'ont transmis cette légèreté et ce goût de la moquerie. On était une famille nombreuse, on était cinq enfants, donc on essayait de se faire rire. C'était un jeu. Moi j'étais très, très timide.
Est-ce que l'humour a été un vecteur de rencontres, d'émerveillements ?
Bien sûr. C'était ma seule échappatoire.
Pourquoi le métier d'acteur ?
J'ai aimé très vite le fait de se déguiser, de faire des personnages différents, sortir de sa peau et faire autre chose. C'était une sorte de thérapie.
Un mot sur un film qui est indissociable de votre nom, c'est Papy fait de la résistance, ça a été un triomphe immédiat. Comment avez-vous vécu le succès, d'abord de la pièce de théâtre, puis du film ?
La pièce a été un triomphe, on l'a jouée deux ans et on a dû arrêter, parce que le producteur Christian Fechner nous a proposé de faire le film. À l'époque, ce n'était pas bien de jouer en même temps qu'un film ou de faire une captation. Après, le film, c'était autre chose, on avait enfin la possibilité de faire ce qu'on voulait et après le succès qui est venu nous a un peu volé le film. C'était drôle.
Quel regard vos parents ont-ils eu sur la réussite de cette pièce ?
Mon père travaillait au ministère des Anciens combattants, donc il était en phase avec toute cette période en disant qu'il l'avait vécu. Je lui ai annoncé qu'on avait fait cette pièce, il était un peu inquiet que ce soit une comédie et puis il me dit : "Bon, je vais venir avec un ami, c'est un monsieur qui a fait de la résistance, qui a été emprisonné dans un camp de concentration, qui s'en est sorti et qui adore rire." À la levée du rideau, je me demandais quelles réactions il allait avoir et à la fin, je suis allé les voir et il m'a dit : "Bravo, vous êtes en dessous de la vérité."
Comment vous définissez- vous ?
Ma démarche est enfantine. J'aime bien ce qui me fait rire. J'aime bien transmettre aux autres. C'est pour ça que je fais du théâtre, je les entends. Au cinéma, on n’entend rien.
L'humour vous a-t-il permis d'avancer ?
D'avancer et puis de gagner une estime de moi-même aussi, parce que quand les gens rient et après vous applaudissent, on se sent bien, on se charge. Récemment, j'ai joué au Canada et je me suis aperçu que c'était pareil, c'est-à-dire que j'avais très peur de ça et j'ai eu une très, très belle critique qui disait : "On ne sait pas qui joue ce rôle-là, mais il est vraiment très bon."
Ce métier d'acteur vous a procuré de belles émotions. Que vous a-t-il donné le plus ?
Si je n'avais pas eu le métier d’acteur, je ne sais pas ce que j'aurais fait et où je serais actuellement, parce que c'est vraiment une bouée de sauvetage incroyable.
Ce film L'instant présent est aussi une victoire sur la vie, parce qu'il a été tourné entre deux confinements, au moment où la culture était mise entre parenthèses, considérée comme non-essentielle. Est-ce un bel espoir de vie aussi ?
Oui. C'est un bel espoir de vie. Mal géré, parce que le théâtre n'a pas vraiment repris. C'est impossible pour un théâtre de reprendre avec une jauge de 30%. Tout le monde le sait, peut-être pas nos dirigeants, mais c'est quand même un gros mensonge de dire que tout a repris. Quelques spectacles avec deux ou trois personnages, oui, mais il n'y a pas de troupes. Cela me touche beaucoup. Parce que ça m'empêche de travailler pour des raisons obscures et je m'en fous, je ne paierai pas d'impôt, c'est tout.
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