De "La fille de Monaco" à Chloé dans la série "Hippocrate", Louise Bourgoin assume son "envie d'être multiple"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, la comédienne Louise Bourgoin.
Actrice et mannequin, Louise Bourgoin a été remarquée très tôt lorsqu'elle était "Miss météo" dans Le Grand Journal de Michel Denisot sur Canal+. Ses rôles dans La fille de Monaco d'Anne Fontaine (2008) ou le blockbuster de Luc Besson, Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec (2010), ont été salués par la critique, mais aussi par le public.
Depuis 2018, dans la série Hippocrate, diffusée sur Canal+ et MyCanal, elle incarne une étudiante en quatrième année de médecine qui porte quasiment seule sur ses épaules tout le poids d’un service de médecine interne dans un hôpital de banlieue. La saison 2 sera disponible demain en DVD / Blu-ray/ VOD.
franceinfo : C'est une immersion totale dans le milieu hospitalier et le quotidien éreintant du personnel ?
Louise Bourgoin : Immersion totale parce qu'on tourne avec un metteur en scène qui était médecin (Thomas Lilti NDLR), qui sait très bien de quoi il parle et parce qu'on tourne dans un hôpital en activité. Parfois, on est troublés, on tourne avec des gens qui travaillent juste à côté et viennent ponctuellement avec nous, des infirmiers et des aides-soignants qui nous apprennent beaucoup. On se sent très responsables, parce que c'est un sujet aujourd'hui éminemment politique avec le manque de moyens à l'hôpital. Donc oui, la réalité rejoint la fiction.
Votre personnage est une femme bosseuse, infatigable, ambitieuse. C'est l'un de vos plus beaux rôles ?
Oui, clairement. Il se développe sur énormément de pages et on est aussi très bien mis en scène.
Le rôle de Chloé est très fouillé, très riche, avec mille choses à jouer.
Louise Bourgoinà franceinfo
On est tous très à l'aise avec le réalisateur Thomas Lilti qui nous met vraiment en confiance. On donne des choses aussi qu'on n'oserait pas donner sur des formats plus courts, avec des gens qu'on côtoie moins longtemps. Et puis, c'est un personnage qui a beaucoup de secrets et qu'on peut vraiment nourrir en creux. C'est ce qui me plaît beaucoup dans le personnage de Chloé.
Vous vouliez faire quoi quand vous étiez petite ? Votre père était prof de philo, votre mère, agrégée de lettres modernes. On aurait pu imaginer que vous alliez être prof, vous aussi.
Justement, les profs veulent faire des profs donc j'étais censée être professeure d'arts plastiques, mais j'ai raté mon examen. Pour eux, c'était un peu la solution miracle parce qu’eux souffraient beaucoup de passer un quart d'heure par copie, d'avoir autant de contrôles et de copies à corriger. C'est beaucoup de travail à la maison, le travail de prof, c'est assez ingrat et très mal payé. Et du coup, pour eux, la solution, c'était prof d'arts plastiques parce que j'avais les mêmes vacances, le même salaire sauf que je n'avais pas de copies à corriger. Mais voilà, j'ai raté mon examen.
En 2004, vous allez faire partie des présentatrices de l'émission Kawaï. Cela vous a-t-il convaincu que ça pouvait être votre chemin ?
Moi, je sortais quand même de cinq ans d'études très théoriques avec beaucoup de philosophie, de concepts, c'était la mode de l'art conceptuel et là, tout d'un coup, on permettait de tout dire, tout faire et crier, m'amuser. Je faisais un métier qui était un peu plus en lien avec l'âge que j'avais, à savoir 22 ans, et c'était une très bonne expérience. C'est certainement grâce à cette émission pour les ados que j'ai pu entrer à Canal. Je crois que j'avais enregistré plus de 600 émissions, j'avais donc suffisamment d'expérience pour devenir Miss météo de Canal+ en 2006.
En tout cas, ça vous a permis de vous faire remarquer. Le premier qui a cru en vous, c'est Fabrice Luchini.
Oui. C'est vrai qu'il m'a dit : "Mademoiselle, je ne ferai pas mon prochain film sans vous" et qu'il m'a conseillée à Anne Fontaine en disant : "Regarde-la à la télévision. Tu vois bien que c'est une actrice". Il a jugé avant moi que j'étais actrice et Anne Fontaine n'était pas du tout convaincue, je me souviens. Bizarrement, du coup, ça m'a un peu vexée donc j'ai tout fait pour avoir ce rôle sans avoir lu le script d'ailleurs, j'ai dû faire quatre castings... Et puis finalement, j'ai été nommée aux César.
J'ai une personnalité peut-être assez réservée par rapport à la grosse cagole de 'La fille de Monaco'.
Louise Bourgoinà franceinfo
Et puis il y a le film de Luc Besson, Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec.
Il y avait un budget à l'américaine, plein de décors, on a tourné au Caire, etc. C'était fabuleux ! C'est un des films les plus familiaux que j'ai fait. Il y avait une intimité avec Luc Besson. Il fait tout, il est derrière la caméra, il dirige en même temps, du coup, j'avais l'impression d'être filmée par un oncle, il y avait quelque chose de très intime dans cet énorme budget, c'est très particulier. Et puis surtout, j'ai eu une chance folle parce qu'effectivement, c'était seulement mon deuxième film.
Je n'ai pas d'expérience, je n'ai jamais pris de cours et puis là, tout d'un coup, j'ai quatre mois et demi de tournage dans des décors incroyables. On a tourné au Louvre plein de scènes d'action et c'est un film que j'ai hâte de montrer à mon fils de cinq ans. Il faut que j'attende qu'il en ait huit, mais j'ai hâte de lui montrer ça. Je suis très fière d'avoir fait un film un peu "jeunesse", un peu Indiana Jones au féminin, très heureuse de ce film.
Comment vous définissez-vous ?
J'ai envie de faire un mauvais jeu de mots avec "Définir". Je n'ai pas envie de finir ! J'ai envie d'être un peu multiple et surtout infinie...
J'ai tout le temps envie d'apprendre, d'être curieuse.
Louise Bourgoinà franceinfo
Ça ne me dérangerait pas du tout de changer de métier aussi en cours de vie. J'aime bien que ma vie soit comme ça, change tous les trois mois du tout au tout. J'adore ça. Je trouve que ça maintient jeune !
Quel regard portez-vous sur votre parcours ?
J'ai perdu beaucoup de temps à me poser beaucoup trop de questions, mais j'aime le fait d'avoir fait plein de choses différentes, d'être arrivée assez tard au cinéma puisque mon premier film, j'ai dû le faire à 27, 28 ans. Je suis contente, finalement, d'avoir fait d'autres trucs. C'est pas mal.
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